Salut à tous,
Hier, un ami de notre groupe nous a demandé quel était notre film idéal. J'étais bien embêté, parce qu'en fait, selon moi, il avait déjà été tourné, et était sorti en 1974 : le Parrain II. Mon commentaire fut le suivant : "des personnages profonds servis par les meilleurs acteurs du monde, un scenario exceptionnel, un réalisateur à son top. Rien à jeter". Rien à rajouter, aussi. Enfin si, je vais essayer, histoire de pas faire trop court non plus.
Déjà, le I est génial. On a beau dire que le Parrain a révolutionné le film de mafioso et que depuis il a été copié un nombre incalculable de fois, je n'ai pas vu de film de ce style aussi chiadé que celui-là. Au point qu'il n'y a limite plus rien à voir... ce n'est pas un film sur la mafia, c'est un film sur une famille de mafioso, c'est un peu différent.
Dans le I, vous avez le Parrain, Vito Corleone, interprété de main de maître par un Brando complètement ingérable et absolument génial, avec perpétuellement du coton dans les joues pour faire bouledogue. Dur, fragile, cynique... tout passe en même temps, c'est sidérant. Il a trois fils... enfin quatre, plus une fille. L'aîné, Sonny (James Caan, l'écrivain torturé de Misery), est évidemment appelé à succéder à son père, mais c'est une brute dénuée de toute nuance. Ensuite, y a Fredo, un crétin sans la moindre aptitude pour ce métier. Et y a Michael, le cadet, joué par un Al Pacino débutant ou presque, et qui réalise une grande performance dans ce film. Idéaliste, il ne veut rien avoir à faire avec les affaires de la famille, et a qui a quitté New York pour le front de la Deuxième Guerre Mondiale, contre l'avis de son père, qui voyait de grandes choses pour lui.
Y a aussi Tom Hagen, le fils adoptif du Parrain, joué par l'excellentissime Robert Duval, qui avait encore des cheveux. Irlandais, il est désormais l'avocat de la famille.
Le film commence au retour de Michael de la Guerre, le jour du mariage de sa sœur, Connie (Talia Shire, la future Adrienne de Rocky) avec un abruti du nom de Carlo, qui la bâtera joyeusement. Toujours réfractaire à ce que sa famille fait, il voit pourtant, quelque temps plus tard, son père victime d'une tentative d'assassinat pour une affaire de drogue. Le vieux en réchappe, mais Michael, qui était malgré tout très attaché à lui, est choqué, et semble se rapprocher de sa famille, surtout après qu'il ait sauvé son père à l’hôpital, alors qu'il venait lui rendre visite. Il se porte alors volontaire pour tuer le type qui a cherché à tuer son père, ainsi que le flic corrompu qui le protège. Ça se fera durant une scène mythique, dans un petit resto italien. Une scène où l'on voit littéralement Michael basculer de l'autre côté : il assassine les deux types, et se sauve. Son geste le transformera littéralement, sans parler du fait qu'il provoquera une effroyable guerre des gangs.
Réfugié en Sicile en attendant que ça se calme, il s'y marie, mais sa femme se fait tuer à sa place dans une voiture piégée. Auparavant, il a appris que son frère Sonny avait été assassiné dans une autre scène mythique et plusieurs fois copiée...
Le père toujours convalescent, Fredo trop faible mentalement, la famille n'a plus de chef, et Vito fait revenir Michael de Sicile, pour lui confier les rênes, en échange de la paix avec les autres familles. Ce dernier se marie à nouveau, cette fois avec son amour de jeunesse (Diane Keaton), sans broncher, a des enfants, et voit finalement son père, qui était devenu son conseiller, mourir dans une autre scène mémorable. Une scène complètement improvisée avec le gamin qui jouait le fils de Michael... le gamin a eu vraiment peur, et ça se sent !
Michael a désormais les mains libres, et va en profiter. Le jour du baptême de son neveu et filleul, le fils de Connie, il fait assassiner Carlo, les différents traîtres et les chefs des autres familles new-yorkaises. Quand sa femme lui demandera si c'est lui qui a fait ça, il lui mentira les yeux dans les yeux. Le "No" le plus lourd de l'histoire du cinéma. dans la foulée, elle s'en va, et voit alors les autres membres de la famille venir un par an baiser la main de Michael, et là elle sait qu'il vient de lui mentir. C'est la fin. Génial !
Le II est encore plus génial, et ça, déjà en soit, c'est fort. Le concept, c'est de mettre en parallèle l'arrivée aux Etats-Unis et l'ascension du jeune Vito Corleone, au début du siècle, et le début de la chute d'un Michael Corleone, qui va douter de lui et qui va presque tout perdre. Le parallèle est... somptueux. On voit donc le petit Vito assister au meurtre de sa mère par un Parrain sicilien. Il s'enfuit et est envoyé par des amis aux Etats-Unis, à l'époque ou ces derniers recrutaient à tour des bras des centaines de milliers de personnes venues de tous les horizons. De son côté, 50 ans plus tard, on voit Michael dans le Nevada, ou il a déplacé la famille Corleone, tout en gardant un contrôle certain sur une partie de New York. Il achète des hôtels, à Las Vegas, surtout, et tout semble rouler sur des roulettes. Sauf que des types pénètrent dans sa propriété et tentent de le tuer, sa femme et lui, sans succès. Mais déjà, ça se corse.
Vito est adulte, est joué par un Robert De Niro au-delà du génie, et vivote tranquillement avec sa femme, en travaillant dans une épicerie. Il fait ensuite la connaissance d'un type, Peter Clemenza, qui deviendra son bras droit, qui va progressivement le faire entrer dans le monde du crime. problème, il y a un Parrain dans son quartier, Don Fanucci, qui fait déjà la loi, et qui va venir les emmerder dans leurs combines en leur réclamant du blé. Un jour de procession religieuse, comme souvent dans la trilogie, Vito va faire semblant de céder à sa demande, puis assassiner ce fameux Parrain d'une balle dans la tête. Là encore, la scène est culte. Le coup de l'ampoule, le tissu enflammé, le rythme... fabuleux. A la fin de la scène, on le voit avec sa famille et ses trois fils, et parler avec Michael, encore bébé, lui disant qu'il l'aime fort.
Comme dans le premier opus avec Michael, on voit définitivement Vito basculer dans un autre monde : respecté, craint dans le quartier, il va devenir de plus en plus puissant. Il retournera également en Sicile pour venger sa mère, en éventrant le vieux Parrain... Tout cela bien sûr dans une époque reconstituée à la perfection.
Tout l'inverse de son fils, qui file à Cuba, pour une affaire assez compliquée, durant les évènements qui verront Castro prendre le pouvoir et Batista, ainsi que tous les Américains, fuir en catastrophe, entre 58 et 59. Trahi par ses anciens associés, dont Hyman Roth, joué par Lee Strasberg, qui a formé des générations d'acteurs à l'Actor Studio, et surtout son propre frère, Fredo, poursuivi par le Sénat Américain sur ses activités criminelles, procès dont il se sortira de justesse, il voit surtout sa femme le quitter, emmenant avec elle ses enfants. Une chose complètement impossible à l'époque de son père, et qu'il ne parvient pas à comprendre.
Voici la scène où il découvre que son frère a comploté contre lui... "You broke my heart !!!"
C'est pas extraordinaire comme interprétation ??
A la mort de sa mère, qui elle était une mama sicilienne à l'ancienne et qui lui dira qu'on ne peut jamais perdre sa famille, il décide une fois de plus de faire le ménage. Il fait assassiner tous ceux qui l'ont trahi, dont Hyman Roth, le vieil associé juif de son père, mais aussi... son frère. Si vous n'avez pas vu ce film ni cette scène, avec la tête de Michael qui se baisse quand il entend le coup de fusil, régalez vous. Bon normalement elle est plus longue que ça, et n'a pas forcément de sous-titres islandais...
La scène finale réuni les deux histoires dans un flashback : on voit les jeunes fils Corleone discuter dans la cuisine du fait que Michael veut partir à la Guerre, alors que son père prévoyait de grandes choses pour lui. Le père arrive (on ne le voit pas), les fils s'en vont lui souhaiter un bon anniversaire... sauf Michael, qui reste seul à fumer.
Bon faut que je le mate ce truc, maintenant que je me suis donné envie...
Je vous laisse !
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