jeudi 4 décembre 2008

Banal post


Salut à tous,

Aujourd'hui, ma conférence traitera des bébés à venir. Enfin, d'un, surtout. Une amie très chère à moi vient de tomber enceinte après plusieurs mois d'essais aussi infructueux que stressants pour elle, vous imaginez donc la joie qui l'habite depuis, ainsi que le papa.

C'est drôle parce que finalement, si on y réfléchit, il n'y a rien de plus banal qu'une naissance, notre multitude est là pour en témoigner. Quand on se retrouve coincé dans une rame de métro blindée, coincés comme des sardines, collés à une femme qui a vidé son parfum le matin même - ou qui ne l'a pas fait et qui aurait dû -, ou quand on fait la queue à la poste, dans ces moments précis où on se met à haïr profondément la race humaine sans en avoir réellement conscience, on ne se dit pas "que c'est mignon tous ces anciens bébés, tous ces anciens nouveaux nés qui ont tous comblé de bonheur une maman et un papa". C'est rare, convenez-en.

En fait c'est faux, moi ça m'arrive de temps en temps. Par exemple, quand un quatrième couteau meurt dans un film, dézingué par le gentil qui avait juste un garde à trucider pour réussir sa mission et signer pour le numéro 2, je ne peux m'empêcher de me dire que ce type, que personne ne connaît et que tout le monde a oublié, est né, et a été probablement câliné par des parents à l'oeil humide, et va avoir des obsèques, durant lesquelles ses proches seront en larmes. On ne pense pas assez souvent à ces figurants qui meurent trop vite dans les films, c'est scandaleux. Mais revenons à notre sujet, tellement plus joyeux.

Donc une naissance, c'est finalement très banal, mais c'est tellement incroyable dès qu'on prends cet évènement sur un plan individuel. Même une mère de neuf enfants doit encore être terriblement émue quand le dixième vient pointer son nez dans ce monde si accueillant. Pour être honnête, hormis ma propre naissance, au bout de laquelle les médecins avaient eu la prescience de noter sur mon dossier "crie fort", je n'ai jamais vécu d'assez près un tel évènement pour pouvoir ne serait-ce qu'imaginer ce qu'on peut ressentir à ce moment-là. Je suppose qu'on ne se dit pas "ouais, je me suis reproduit, ma descendance est assurée !" comme se disaient les hommes, notamment les puissants, il n'y a pas tellement longtemps.

On a sans doute envie de se voir dans son propre enfant, comme un double. Une envie de s'approcher un peu de l'éternité : cet enfant me survivra, c'est bon, je suis sauvé. Difficile à dire, vraiment. Parce que pour le reste, et là je ne veux décourager personne, mais avoir un enfant c'est quand même signer pour un paquet d'ennuis, une mer de problèmes administratifs, des vagues de couches sales et de bobos dévastateurs, et un futur ado, en plus. Mais oui, y a aussi ces mains potelées, ces regards perpétuellement étonnés - jusqu'à ce que les dernières illusions s'évanouissent, un peu après la majorité -, ce défi qu'il ou elle semble vous lancer : "et ben voilà, tu me voulais, tu m'as eu, tu fais quoi là maintenant ?"

Sacré truc quand même, intrinsèquement c'est le truc le moins banal qui soit.

Je vous laisse.

2 commentaires:

Morgane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Morgane a dit…

"après plusieurs semaines d'essais"

Finalement, on n'a attendu que 4 mois tu sais ;)

J'me dis la même chose dans les films !!