vendredi 4 juin 2010

Dysectomie du Brésil


Salut à tous,

Dans le foot mondial, le Brésil a une place à part. Une place réservée au-dessus de tout le monde, un privilège gagné grâce à un palmarès unique au monde : aucun Mondial raté, cinq gagnés sur 18. Rajoutons que le Brésil n'a été éliminé au premier tour qu'une seule fois, en 1966, l'année où les Portugais et les Hongrois avaient mis un contrat sur Pelé, avec la complicité d'arbitres soucieux de ne pas contrarier le pays organisateur, l'Angleterre, qui avait déjà prévu de gagner le trophée.

Autre raison, ses joueurs, qui sortent de l'ordinaire. Déjà, ils portent souvent des noms rigolos : Pato, Kaka, Lucio, ou le nom de leur ville natale (Ceara - imaginez Thierry Henry qui fait pareil : "Ohlàlà, quel but des Ulis !!!"). Et surtout, on les reconnait entre mille. Rassurez-vous, je ne vais pas enfoncer quelques portes ouvertes à propos de leur toucher de balle ou des heures passées sur la plage ou dans les rues à jouer au foot...

Par poste cependant, quelques spécimens bien spécifiques émergent.

Le gardien brésilien, par exemple, n'est pas sûr. L'actuel, l'excellent Julio Cesar, est un contrexemple parfait - quoique... Souvent très bon sur sa ligne, le portier brésilien est moins serein dans ses sorties et surtout dans ses prises de balles, souvent effectuées avec des gants en peau de pèche. Exemples : Dida, Carlos en 86, Taffarel, le dénommé Félix en 1970... On sent vraiment les mecs qui ont été mis dans les buts contre leur gré.

C'est un peu la même chose pour les défenseurs centraux, autre point faible latent du Brésil. Oh bien, sûr, des défenseurs exceptionnels - Ricardo, Mozer, Aldaïr... - ont traversé l'histoire. Mais d'autres purges - Roque Junior, Ricardo Rocha... - ont également dessiné le profil du défenseur central brésilien type : gigantesque, dur sur l'homme, pataud, lent et doté d'une relance longue... trop longue. Beaucoup marquent des buts, mais ils en causent aussi quelques uns. Actuellement, Lucio est un des meilleurs défenseurs du monde, mais il est bien seul.

A partir de ce point, on entre dans les artistes.

Les latéraux brésiliens ont une particularité, en plus de jouer exclusivement "sur leur pied", contrairement à ce qui se fait souvent en Europe : ils différent beaucoup selon qu'ils jouent à droite ou à gauche. Ceux de droite sont des athlètes, souvent grands, élancés, et surtout sont des centreurs et des passeurs remarquables. Plus défenseurs que leurs alter égo gauchers, ils ont livré à la Selecao des latéraux légendaires (Carlos Alberto, Cafu...).



A gauche, rien à voir. Plus offensifs - ce sont souvent des milieux offensifs contrariés -, ils sont plus petits, plus râblés, très rapides et peu regardants sur le replacement défensif, ce dont se régalent régulièrement leurs adversaires, à l'image de la France en 2006. Ils sont également dotés d'une frappe de balle hors du commun, souvent la meilleure de leur époque. Branco dans les années 80, puis Roberto Carlos jusqu'à nos jours où le Lyonnais Bastos, qui porte bien son nom, tente de prendre cette si lourde relève, ont aligné des kilomètres dans leur couloir, presque exclusivement vers l'avant.

Aujourd'hui, à droite, le Brésil a un latéral droit "traditionnel" (Maicon) et un qui a toutes les caractéristiques d'un gaucher, mais droitier (Dani Alves). La lutte fait rage entre les deux.

Au milieu, vous aurez du mal à trouver un demi défensif à la Deschamps, c'est-à-dire pas fabuleux techniquement. Y avait bien Dunga, mais croyez-moi, c'était un passeur hors-pair, pas seulement un destructeur. Le milieu défensif brésilien est, à l'image du "quatre" italien, genre Pirlo, le plus souvent un meneur de jeu très bas, qui relance bien et marque régulièrement, ce que ne faisait pas Dunga, c'est vrai. Cet été, vous pourrez ainsi admirer la technique et l'élégance de Josué, Ramires ou Felipe Melo, qui succèdent, par exemple, à Mazinho (94) ou l'exceptionnel chauve Gerson (70).

Les milieux offensifs sont évidemment des génies du foot. Mais on ne voit plus, comme dans les années 60-70-80 des milieux excentrés dribbleurs et frappeurs de loin, comme Rivelino ou Dirceu, puisque Ronaldinho, meilleur passeur en Italie, n'a pas été pris... Aujourd'hui, ce sont le plus souvent des axiaux (Kaka, Elano, Baptista), seul Robinho faisant exception... quoique. Ils ne sont pas forcément rapides, mais ils sont parfaits techniquement et souvent puissants. Et les coup-francs sont pour eux des friandises.

Quant aux attaquants... difficile de définir un style de joueur. Oh y en a eu qui se contentaient d'être costauds et bons de la tête, mais peu d'entre eux ont fait leur trou en sélection. En général ils sont rapides, puissants et terriblement efficaces, de près ou de loin. Mais on peut quand même dénicher des différences. Dans l'histoire des Coupes de Monde, comme dans Olive et Tom, il y a souvent eu la star, le buteur quoi (Pelé, Romario, Ronaldo) et son assistant, son faire-valoir, souvent pas loin d'être aussi bon mais qui se casse un peu plus le cul pour le collectif (Tostao, Bebeto, Rivaldo...). Alignés ensemble, ils composent toujours un duo avec peu d'équivalent dans le monde.

Ce qui me fait douter du Brésil cette année, c'est que justement, ils n'ont pas de duo d'attaque comme ça, complémentaire et surtout de haut niveau. Ils ont bien sûr de très bons buteurs (Luis Fabiano, Nilmar, Robinho, Grafite) mais aucun ne touche actuellement le très haut niveau comme le font ceux de l'Argentine ou de l'Uruguay, par exemple. Et ça, avec l'absence d'une grosse défense centrale, c'est rédhibitoire.

Je vous laisse !

3 commentaires:

Zaza a dit…

Et pour confirmer ton analyse de pro, le mien de pas pro : Je connais aucun de ces attaquants !!! loool

Zaza a dit…

Ah merde si, y a Robihno :D mais bon, je sais même pas la tête qu'il a :p Ca change, pas de mega star en effet.

Gildas Devos a dit…

Surveille quand même Luis Fabiano, c'est lui qui sera titulaire et il pourrait faire très mal !