jeudi 24 juin 2010

Guillon à la po... non je ne ferais pas ce jeu de mot.


Salut à tous,

On vit dans un pays libre, vous le savez. Dans le pays des droits de l'Homme, de la liberté d'expression, de Diderot, de Voltaire, de Malraux... de Coluche aussi.

On vit aussi dans une époque résolument moderne, où la ringardise n'est pas prisée malgré une tendance au "c'était mieux avant". Mais on a toujours le sentiment, à l'instant T où l'on y pense, que tout ce qui est arrivé n'a plus lieu d'être. L'Histoire, les vieux trucs, c'est dans les bouquins, on les apprenait à l'école à la même époque où on regardait Goldorak ou Candy. Maintenant c'est maintenant, et c'est pas pareil, forcément.

Un exemple : quand on évoque le fait que l'ambiance actuelle, anti étrangers, anti islamique, anti gauche, anti intellos, faite de vannes racistes, nous rappelle d'autres périodes trop sombres, les gens nous regardent avec un air navrés, du genre "ne comparons pas ce qui n'est pas comparable, voyons, Brice Hortefeux n'est pas raciste. Les racistes, c'était pendant la guerre, y en a plus maintenant. Sauf au FN, mais tant qu'ils votent pour nous plutôt que pour Le Pen, ça reste des gens biens". Oui oui.

Non c'est sûr, l'Histoire ne se répète jamais. Par exemple, les pressions qu'avait subit Coluche, quand il avait tenté de s'immiscer dans le monde politique, et la censure quasi totale des médias à son encontre. Ça, forcément, ça peut plus arriver dans un monde civilisé comme le nôtre, c'est impossible. La censure, c'est les méchants des livres d'Histoire qui la font, pas nous, gens réels du monde réel qui existe actuellement, et qui passent à la télé d'aujourd'hui, pas dans celle de l'époque où on avait la raie sur le côté et où on était tout jaune, vert, voire même en noir et blanc, et qu'on passait dans des télés même pas plates. Nous on est beau, on est jeunes, on peut pas être racistes, et on ne censure pas.

Ainsi, Jean-Luc Hees, par exemple, comme Frédéric Lefèvre d'ailleurs, a un brushing et des cheveux mi-longs. S'il a des cheveux longs ou mi-longs, suivant la date de son prochain passage chez le toiletteur, c'est qu'il est forcément ouvert d'esprit, subtil et épris de liberté non ? Bah oui, BHL il a les mêmes cheveux - mais montés sur vérins hydrauliques - et il est tout ça, donc Hees est pareil. On dirait un chef d'orchestre tout droit sorti de la Grande Vadrouille, ou du la Vielle de Gambe. Quand on le voit, on a envie de sortir une petite bouteille de blanc et de parler avec lui des ouvertures de Beethoven pendant toute une nuit.

En plus, il dirige Radio France, un des derniers médias de gauche avec... disons, Charlie Hebdo, le Canard Enchaîné et Rue89, sachant que Siné Hebdo a disparu. Forcément, c'est un mec généreux, accessible aux critiques et qui sait se situer au-dessus de la mêlée, où la boue de crapaud ne salira pas la blanche colombe située au-dessus de ses oreilles si raffinées.

Idem pour le directeur de France Inter, Philippe Val. Il y a pas mal d'années, j'avais lu un de ses papiers dans Charlie Hebdo, à propos de la population d'Outreau qui hurlait "peine de mort, peine de mort !" lors d'une manif dans les rues de la ville, contre ceux qui étaient accusés de pédophilie. J'avais apprécié sa plume, et surtout sa prise de position contre ces gens qui se servaient de leurs émotions pour se montrer encore plus monstrueux que tout. Ce jour là, j'avais découpé et collé dans ce qui me servait de journal intime la page. Je dois l'avoir toujours, quelque part dans mon fourbit...

Comment imaginer que l'ancien directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, si drôle, si fin et si amoureux des valeurs de gauche, pourrait porter atteinte à la liberté d'expression ? C'est vrai, il a viré Siné pour une broutille, mais quand même ! Philippe Val, merde ! Lui, c'est sûr, allait s'opposer aux projets de Sarkozy, moins de 2 ans avant le prochaine Présidentielle, de virer tous les humoristes un peu trop acides et dangereux. Gad Elmaleh, Dany Boon ou Arthur, ça ce sont de vrais bons humoristes, qui ne prennent pas de risques, sont proches du peuple et ne se font jamais rabrouer par les amoureux de la démocratie façon Vieille France de l'UMP, du genre Jacques Myard... qui s'avère être mon maire, d'ailleurs... lui, à chaque fois que je le vois dire une ânerie à la télé, mon cœur s'envole de fierté. Mes ambitions de déménager fissa, aussi.

Oui donc Philippe Val, lui, a côtoyé les dessinateurs et les plumes les plus acérées du pays à Charlie Hebdo, il laissera donc les meilleurs humoristes de France Inter chatouiller le pouvoir, mais aussi la gauche, comme ils l'entendent, parce que c'est ça, la démocratie à la Française.



Ce n'est donc évidemment pas pour ça que Stéphane Guillon et Didier Porte ont été virés cette semaine. C'est forcément, comme il l'est spécifiquement signifié dans leurs lettres de licenciement, à cause d'un changement de grille. Pas de bol que ça tombe sur eux seuls, mais que voulez-vous ! Le hasard ne fait pas toujours bien les choses.

Je vous laisse.

4 commentaires:

Cha a dit…

Je n'ai jamais été lectrice de Charlie Hebdo (juste parcouru quelques numéros) et je connais donc très mal Philippe Val. Mais Arnaud à une époque avait lu bcp de choses de lui et avait écrit plusieurs articles tendant à démontrer que malgré son historique et sous des dehors de gauche / contestataire / etc., quand on grattait un peu, Philippe Val était devenu un sacré réac. Et c'était il y a déjà 5 ans...
Donc sans être une connaisseuse de Philippe Val, je ne suis pas très surprise ;)

Gildas Devos a dit…

Moi je te parle d'il y a une bonne dizaine d'années, voire quinze ! C'est clair que depuis quelques années maintenant, il a pas mal tourné casaque, notamment sur l'Islamisme il me semble...

Zaza a dit…

Rue 89 et le Canard enchainé ne sont pas des medias de gauche. Ils tapent sur tout le monde. Guillon aussi d'ailleurs...

Mona a dit…

Moi je l'ai rencontré à la fac lors de mon reportage sur Charlie et je l'ai lu et relu (j'avais adoré sa "tournée" avec Renaud en Yougoslavie.. etc) et c'est vrai qu'il y a eu qq articles assassins ici et là je les ai lu aussi. Je n'avais pas envie de leurs accorder crédit. Mais faut croire que...