vendredi 18 juin 2010

Haro sur Ray


Salut à tous,

Voilà ça y est, les portes sont ouvertes. C'est même pas des portes, c'est le portail du Château de Versailles. Il faut bien que ce soit large, parce que tout le monde va s'y engouffrer. C'est tellement facile, on te demande rien à l'entrée, pas de connaissances en football ni de sens du discernement, et en plus c'est Happy Hour.

Sortez la sulfateuse, visez bien parce que le Raymond est habile, c'est un bon communiquant, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire. D'ailleurs c'est exactement pour ça, avec également son passé de formateur idéal pour garantir la transition de l'après Zidane, qu'il a été recruté en 2004, et surtout pour ça que les journalistes ont été enthousiastes à son arrivée. Ils venaient de se taper 6 ans d'autisme avec Lemerre et Santini, et n'en pouvaient plus, ils étaient tellement ravis d'avoir enfin affaire à quelqu'un qui savait aligner trois mots sans les chercher pendant des heures. Et compréhensible, aussi.

Oui, Raymond n'est pas un grand tacticien. Je l'ai d'ailleurs bien descendu en 2008, vu sa liste toute pourrie et sa fâcheuse manie d'obéir aux ordres de la presse à chaque fois, avec le résultat que l'on sait. D'ailleurs, l'argument massue de ses meilleurs amis, Dugarry, Lizarazu et Larqué, c'est évidemment qu'il n'a rien gagné comme entraîneur. Et sinon, qu'est-ce qu'avaient gagné comme entraîneur Hidalgo, Michel ou Lemerre, avant leur nomination ? Rien, que dalle, nacash. En revanche, Kovacs, Jacquet ou Santini étaient couverts de trophées avant d'arriver. Et un seul a réussi. Enfin, a réussi... il a été critiqué comme rarement pendant 4 ans et demi, et encensé durant une semaine.

Le cas d'Henri Michel est symptomatique. Adjoint de Hidalgo, il hérite d'une génération Platini au sommet de son art, et atteint les demi-finales en 86. Puis cette génération s'en va, et il se plante pour l'Euro 1988. Faut dire, allez vous qualifier avec Gérald Passi, Fargeon, Xuereb ou Poullain... Et il est jeté comme une merde. Les gens ont des œillères, et ne voient que le résultat. Ils sont réfractaires à l'analyse, au recul sur soit. Un nul à Chypre, et le héros de Guadalajara est pire qu'une vieille chaussette traînant dans un égout. Ça va très vite.

Domenech a eu à faire à l'après Zidane. Quel sélectionneur français a réussi après le départ d'un des deux autres grand ancien ? Aucun. Les années 60, qui ont succédé à l'excellente génération des années 50, sont les pires de l'histoire des Bleus, tout simplement. Après Platini, c'était du même niveau. Là, après le départ de Zidane en 2006, on se qualifie quand même deux fois d'affilée. Difficilement, mais ça ça compte pas : c'est aussi le cas cette année de l'Uruguay, et auparavant des Bleus en 2000 (qualifiés à la dernière minute !), alors qu'en 2004, on avait fait le grand chelem...

Dans les années 60, certains joueurs auraient pu cartonner à l'étranger (Gondet, Herbin...). D'ailleurs, certains l'ont fait (Combin). Mais ce n'était pas la mode, ni la tendance. Aujourd'hui, impossible de faire carrière sans partir de France, et prendre de l'expérience à l'étranger. S'ils l'avaient fait, comme ceux de la fin des années 80 (Blanc déjà, Papin, Cantona, qui partiront dans les 90's), on s'en serait peut-être mieux sorti. Aujourd'hui, c'est le cas, et le curseur est quand même plus haut, puisqu'on se qualifie au moins pour les compétitions. Moi, je prends.

La France a des joueurs majeurs à certains postes. Mais pas partout. Et pas aux postes primordiaux. En défense centrale par exemple, on est très mauvais. Et je ne vois pas en quoi Domenech est responsable. Ce n'est pas lui qui dirige tous les centres de formations de France, si ? Même chose au poste de meneur de jeu, ou on est trop tendre (Gourcuff) et surtout celui d'avant-centre, ça s'est assez vu récemment. Gignac, c'est 8 buts en Ligue 1, Henry c'est 2 ou 3 en Espagne, et Anelka une dizaine en Angleterre. Sauf qu'il ne joue pas seul en pointe, mais avec Drogba. Ce n'est pas un buteur, c'est un attaquant de soutien, ça saute aux yeux. Il n'y a que Cissé qui est un vrai buteur, et qui joue en pointe, mais il a marqué ses buts en Grèce, il paraît que ceux là valent moins... pas sûr que 8 buts en Ligue 1 valent plus que 23 en Grèce. Surtout qu'il a également marqué 5 buts en Ligue Europa, dont 3 contre l'AS Rome. J'aurais voulu le voir à la place de Gignac, hier, mais on ne peut pas tout avoir... j'aurais aussi voulu Cantona en 96 et pas Dugarry en 98... mais là j'ai eu tort. Ça aide pas mal l'humilité.

Mais on est loin d'avoir le patron de la meilleure équipe de l'époque (Deschamps à la Juve) ni son meneur de jeu (Zidane), on est loin d'avoir le meilleure défenseur du monde (Desailly à Milan). Non, on a le latéral gauche de Barcelone, qui joue dans l'axe en Bleu, faute de mieux, celui de Manchester, l'ailier gauche du Bayern, qui joue plus pour sa gueule que pour l'équipe, au point de déséquilibrer celle-ci en refusant de jouer à droite, et deux attaquants de Chelsea. Pas mal du tout, mais moins bien quand même. Aucun n'atteint le niveau de Zidane, l'aura, le génie. Et surtout, avec un sélectionneur non soutenu par sa fédé ou son ministre de tutelle, ils étaient aussi motivé qu'un condamné avant d'aller au peloton d'exécution. J'ai jamais vu autant de conneries faites par une hiérarchie. Le terrain était miné comme rarement.

Et de toutes façons, tout cela c'est de la merdouille, du caca en boîte, du vent à côté d'un fait : un supporter, ça supporte son équipe quand elle en a besoin, pas seulement quand tout va bien et que c'est facile de chambrer parce qu'on est Français. En France, dès que ça va moins bien, tous les poncifs anti foot ressortent : trop payés, trop arrogants, les casques dans les oreilles machin tout ça. En 98 ils étaient aussi renfermés sur eux-mêmes, ils avaient aussi des casques sur les oreilles et ils étaient aussi trop payés, mais ils gagnaient, alors ils étaient géniaux, on s'en fichait, ils avaient le droit. Bah non, ça marche pas comme ça. Là aussi, c'est trop facile, trop balisé.

Je souhaite bonne chance à Laurent Blanc, parce qu'il va devoir faire avec une génération certes talentueuse mais complètement inexpérimentée dans le haut niveau. L'avenir, ce n'est pas seulement Benzema ou Nasri, que personne n'a pourtant regretté au moment de l'édition de la liste, c'est aussi Gameiro, Cabaye, Rami... du très bon, mais aucune expérience. Un peu comme Domenech en 2004, en fait. Mais lui ne sera jamais critiqué par Dugarry, Desailly ou Lizarazu, qui sont ses potes et qui ont tout fait pour tuer Domenech, vexés qu'ils ont été en 2008 qu'un des leurs n'ait pas été nommé. Ça s'appelle un confort, que je ne lui offrirais pas. Je ne lui ferais aucun cadeau, comme personne n'en a fait à Domenech, la plupart du temps pour des motifs non sportifs.

Allez les Bleus !

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