Le Balte haut

Salut à tous,

Mercredi soir, avec Zaza on est allés au Stade de France voir France-Lituanie. Le Stade était plein, nous on était absolument tout en haut (mon système cardio-vasculaire a bien mis une mi-temps pour se remettre des escaliers qu'il a fallu emprunter pour rejoindre ma place) en face des bancs, des journalistes et de Francis Lalanne (dont vous pouvez admirer les talents de gardien de but ici).

L'avant-match d'abord. On nous avait annoncé des freestylers et Louis Bertignac. On a eu tout ça, relégué dans un coin du stade, les freestylers étaient impressionnants, c'est vrai, en revanche Louis ne faisait qu'accompagner à la guitare un DJ à deux balles qui massacrait des standards avec sa voix de fausset. Quand on voit les shows qui précèdent les matches de sport US, ou même ceux du Stade Français, ça fait un peu de la peine. D'accord, c'est la crise et les places étaient à 10 euros, mais quand même... c'était très décevant.

Comme on n'est pas dans un pays de foot, la fédé avait distribué près de 40 000 drapeaux. pour que les joueurs aient l'impression que le ublic était venu pour les soutenir, pas assister à un spectacle. Manifestement, le préposé à cette tâche a eu la flemme de monter au troisième étage, on n'en avait pas nous. On avait quand même une belle vue sur le stade, mais aussi sur Montmartre, quand on s'ennuyait trop en première mi-temps on regardait le paysage...

Jeudi, j'ai passé ma journée à discuter sur Facebook de ce match. Je dois dire que j'ai eu du mal à trouvers des gens objectifs sur ce dernier, et surtout sur Domenech... c'est terrifiant, la haine envers Raymond est devenue automatique, c'est comme haïr les traders ou la grippe quoi, ça va de soit. Sauf que les arguments... le syndrome du comptoir oblige la volaille qui fait l'opinion (cf Souchon) à critiquer continuellement les choix du gars a posteriori, ce qui est un véritable non sens.

"Henry n'est pas un avant-centre !" Celle-là, elle m'a bien fait rigoler. Quand il a commencé à jouer à gauche à Barcelone, et qu'il marquait peu, j'ai fait que entendre des "c'est normal qu'il marque pas, il joue à gauche (et Messi, il joue arrière central ?), à Arsenal il jouait en pointe et il plantait tout le temps". Sauf que Henry s'est révélé sur le côté gauche, Wenger l'a certes recentré mais dans une équipe qui jouait pour lui, et très offensivement. Et même quand il jouait en pointe il avait toujours tendance à jouer à gauche, comme Zidane quoi... bref, c'est pas nouveau, sauf pour l'Equipe qui a spectaculairement retourné sa veste par l'intermédiaire de Sébastien Tarrago, qui a décrété qu'il n'était pas avant-centre (en effet), après des années durant lesquelles ils ont répété qu'il n'était pas ailier.

Il n'a servi à rien en pointe, et pour cause : il n'est pas attaquant de pointe, il ne marque quasiment jamais de la tête et celles des Lituaniens culiminent à deux mètres de haut... les centres de Sagna avaient beau être de qualité, le pauvre Henry n'a pas existé... jusqu'à ce qu'il retourne à gauche (à la demande de Domenech, qui a fait entrer un vrai avant-centre, Gignac, beaucoup plus mobile, et Benzema) et qu'il se retrouve à l'avant-dernière passe sur le but de Ribéry, opportunément devenu meneur de jeu. Domenech a fait comme il l'entendait, et on a gagné. Moi, un entraîneur qui fait que les Bleus, nettement rajeunis et clairement en reconstruction, soient toujours en course pour la qualif, ça me va. Jamais la france n'a réussi à se qualifier facilement pour une Coupe du Monde, ça s'est TOUJOURS joué lors du dernier match. Sauf que là, apparemment c'est la faute de Domenech si rien ne change...

"Ca sert à quoi de jouer avec deux milieux défensifs face à la Lituanie ?" D'abord c'est pas Domenech qui a inventé ça, vu que depuis Hidalgo et son carré magique, TOUS les sélectionneurs - y compris, et surtout, Jacquet - ont toujours aligné deux pivots au milieu. Pléthore d'attaquant n'a jamais payé, jamais. Enfin, pas depuis la fin des années 50... Dans les éliminatoires de l'Euro 2000, que l'on allait magistralement remporter, la France, à l'époque la meilleure équipe du Monde, a affronté la plus mauvaise d'Europe, Andorre, à Saint-Denis, avec un seul récupérateur, Deschamps, et 3 attaquants en plus de Zidane et Djorkaeff. Résultat ? 2-0, dont un but de Candela, l'arrière droit, et un tir sur la barre pour les Andorrans. Ca fait rêver, c'est sûr...

A en entendre certain, la Lituanie et l'AS Livry-Gargan, c'est pareil. Sauf que les Lituaniens ont gagné 3-0 en Roumanie, et fait match nul en Italie, champion du Monde en titre, il y a deux ans. Et ça fait quatre match qu'on les bat en marquant le premier but après l'heure de jeu. Pas mal, pour des handicapés du football...

Ce qui m'a rendu dingue, c'est qu'au bout de 5 minutes on avait déjà des "Domenech démission" qui fleurissaient autour de nous. Que l'ambiance était proche de zéro, contrairement à ce que j'ai pu lire dans l'Equipe. Qu'il y en avait qui soutenaient la Lituanie, sans en avoir une seconde le genre ou le langage, juste parce qu'il y avait Domenech.

C'est hyper contre-productif. Les matches de qualifications qui m'ont emballés, depuis 20 ans, je peux les compter sur une main de Mickey, mais là, si pendant une heure on s'est fait chier, c'est pas parce que les Lituaniens jouaient à dix dans leur surface et pourrissaient constamment le jeu, non, c'est parce que Domenech. Même pas besoin de verbe, son nom suffit... Cette haine continuelle me saoule, moi j'ai pas envie que les Bleus ratent l'Afrique du Sud par manque de soutien populaire, alors même si j'ai critiqué Domenech après l'Euro, logique, vu que là on était au bout du ratage de l'objectif, là je vois pas l'intérêt de le critiquer dès qu'il bouge un sourcil. Laissons-le faire. Les Bleus ont un calendrier favorable, avec les Feroes deux fois, la Roumanie et l'Autriche à domicile, et un seul déplacement sérieux, en Serbie, qui ne compte que deux points de plus que nous. La première place se jouera peut-être en septembre, à Belgrade. Si d'ici là l'équipe s'est plantée, on en reparle. Mais tant qu'elle reste dans les temps, rien à dire.

Après ce long pensum, je vous laisse.