jeudi 9 avril 2009

Whisky et Nicaragua


Salut à tous,

Troisième épisode de cette saga qui ferait passer "Guerre et Paix" pour la série des "Marmousets". Episode signé par votre serviteur, bien humblement.


Message 9361 : remis à 22:31:56 le Jeudi 25 Mai 2000 par Amoureusement notre

Amoureusement notre



Episode 13284

- Scène 1 :

Ashley Ramoray est en larmes . Comme d'habitude me direz vous. Oui, mais là, elle a une bonne raison. Ah ! Là vous êtes bien niqués, hein !

Bref, donc elle est en larmes. En effet, son mari, le célèbrement mondial neuro-chirurgien Drake Ramoray, a disparu depuis une semaine. On frappe alors à la porte de la maison. Ashley s'empresse de se précipiter pour ouvrir.

C'est le Docteur Williams.

ASHLEY (soupirant) : J'aurais du me douter que c'était vous. Tout d'abord, je ne suis pas sure que Drake aurait frappé avant d'entrer, vu que c'est un peu chez lui, et puis y a une sonnette,
et vous avez frappé. Donc, ça ne pouvait être que vous. Ou moi, mais bon, vu que c'est moi qui ai répondu, ça ne pouvait pas être moi qui frappait .

WILLIAMS (saoulé par ce long monologue aussi rare chez elle qu'inutile) : Oui, bonsoir à vous aussi, Ashley. J'ai à vous parler.

Une fois dans le salon, Williams se dirige vers le bar personnel de son collègue, et se sert
un whisky on the rocks. Durant tout ce temps, Ashley reste immobile au milieu de son salon, tandis que Williams s'adresse à elle.

WILLIAMS (l'air grave, il remplit son verre) : Voilà, je sais ou est Drake, Ashley.

L'incompréhension (habituelle chez elle) et l'interloquation se lit alors sur le visage d'Ashley.

ASHLEY (incompréhensive et interloquée) : co... comment ? Qu'avez vous dit ?

WILLIAMS (l'air grave, il remplit son verre) : Voilà, je sais ou es Drake, Ashley.

ASHLEY (interloquée et stupéfaite) : Mais... mais... Quoi ??

WILLIAMS (l'air grave, son verre déborde) : Voilà, je sais ou es Drake, Ashley.

ASHLEY (Stupéfaite et ahurie) : Mais... mais... que dites vo...

WILLIAMS (l'interrompant, il essuie ses doigts avec du sopalin en se tournant vers elle) Il est au Nicaragua .

Un silence très court suit cette ahurissante révélation.

ASHLEY : Mais... que fait il en Asie ??

WILLIAMS (condescendant) : Vous vous méprennez, Ashley, le Nicaragua est en Océanie, près de la Sierra Leone. Mais peu importe. Voilà, il y a huit jours, ou une semaine et un jour si vous préférez, il m'a téléphoné, et m'a révélé qu'il avait l'intention de partir quelques temps là-bas, pour méditer m'a-t-il dit.

ASHLEY (bouche bée mais méfiante) : c'est-à-dire ?

WILLIAMS : C'est-à-dire qu'il ne supporte plus toute cette pression, autant professionnelle que familiale. Il m'a confié que l'addition de tous les derniers évènements récents, à savoir votre re-mariage il y a 2 mois et demie, la mort de Bubulle, votre poisson rouge, la mort aussi de 7 vieilles dames sur le billard lors du dernier Superbowl, en raison d'une carence d'internes disponibles, et puis peut-être aussi la naissance de vos triplés la semaine dernière (mais il en doute), bref cette addition d'évènements perturbants ont fait qu'il a ressenti le besoin de souffler.

Le Docteur Williams souffle . Il vient de parler autant à Ashley en 3 minutes que pendant les quatre derniers mois avec sa femme Marilyn .

ASHLEY : Mais... pourquoi le Nagouarica ??

WILLIAMS (condescendant, des fois il monte, mais rarement) : Vous vous méprennez Ashley,
cela se dit "Niracagua" . Mais peu importe . Non, je ne sais pas pourquoi il est parti en Afrique . Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a demandé de ne pas vous prévenir tout de suite, d'attendre un peu, du genre le temps qu'il me fallait pour répondre à la question minitel de Thierry Roland.

ASHLEY : Je vois.

WILLAMS : Mais surtout, ce dont il m'a chargé, c'est de prendre soin de vous en son absence.

ASHLEY (affolée) : Ah, très bien, je suis soulagée.

La scène se termine en fondu sur le regard hameçoné et énigmatique du Docteur Williams.

- Scène 2 :

Un aéroport au Nicaragua . Le Docteur Ramoray est à un guichet, s'adressant à un employé au travers d'un hygiaphone pas très hygia. Il semble exaspéré et découragé.

RAMORAY (exaspéré et découragé) : Vous... (il pointe impoliment du doigt l'employé au visage porçin) ... vous donner moi... (il se pointe toujours aussi impoliment du doigt) ...donner moi... MOI !!! VOUS donner MOI un ticket pour New-York ! NEW-YORK !!!! Toi comprendre moi ???

EMPLOYE (serein et souriant de toutes les dents qui lui restent) : No hablo Aleman, senor.

RAMORAY (reprennant courage) : Oui ! C'est ça ! Ti-cket pour New-York, c'est cela même !

EMPLOYE (souris) : No hablo Francès.

RAMORAY (énervé) : Ecoute moi bien : cela fait bien UNE semaine que je suis perdu dans cet aéroport à me nourir de vieux Mars desséchés !!! Un ami s'est apparement trompé, au lieu de me fournir des billets pour Los Angeles ou je devais assister à un colloque pour les neuro-chirurgiens jouant au golf et aimant les sandwiches à la mortadelle, il m'a envoyé ici, par méprise sans doutes !!! Aussi, il me faudrait...

EMPLOYE (souris) : No hablo Italiano .

RAMORAY (découragé, se retourne, le regard incrédule) : Ah !

Zoom sur son visage inquiet. Le découragement, peu commun chez lui, se lit à présent sur son visage.

- Scène 3 :

Le professeur Ascott, masque sur le visage, ne peut réprimer sa joie en apprenant par la bouche du Docteur Williams, également masqué, l'effroyable mort du Docteur Ramoray . Si n'était son genou artificielle en aluminium renforcé, il se fendrait d'une petite danse, que l'on devine par le
léger frémissement qui semble habiter ses hanches, tandis qu'il retire un poumon du ventre du corps allongé sur la table entre les deux hommes.

ASCOTT : Alors comme ça, Drake Ramoray, mon infâme triple gendre, est mort, me dites vous
?

WILLIAMS (le regard animé d'une sombre lueur) : C'est exact, Professeur. Tandis qu'il sillonnait ces contrées lointaines, un gigantesque Koala a surgi, l'a tué et emmené dans sa tanière. C'est du moins ce que mon contact sur place, Olivario Correlcielo m'a appris, et confirmé par mail, en m'envoyant une photo de ses restes, prise au péril de sa vie.

ASCOTT (enlevant un autre poumon): Formidable ! Quelle bonne nouvelle ! Et... (son regard se pointe sur celui de Williams) ... ma fille, comment le prend-elle ?

WILLIAMS (super perfide) : Oh, très bien vous savez, elle ne l'a jamais réellement aimé . En
fait, je crois avoir plus souvent été près d'elle que lui ces dernières semaines !

ASCOTT (acquiésant tout en enlevant un estomac) : Oui, c'est vrai, je crois que vous avez raison . D'ailleurs, je crois que si cela avait été possible, vous auriez fait un meilleur mari pour elle, plus sérieux et plus fidèle que cet escroc ! Au fait, comment va Marilyn ?

WILLIAMS : Qui ça ?

ASCOTT (enlevant un coeur) : Marilyn ! Vous savez, votre femme !

WILLIAMS (un moment interrogatif) : Ah oui, bien sur ! Marilyn ! (s'adressant au Professeur) Au fait comment va-t-elle ?

Fondu vers la scène 4.

- Scène 4 :

Il est midi, et le Docteur Cupsand dine avec Ashley dans un grand restaurant de New-York . Ils vont commander leur dessert.

CUPSAND (s'adressant au garçon d'un air assuré) : Alors, madame prendra une mousse au chocolat avec un Malibu à l'abricot. Quant à moi, je prendrai un verre de glace. J'ai le ventre tout contracté.

GARCON : Bien monsieur (il s'éloigne).

CUPSAND (s'adresse à Ashley) : Ecoutez ma chère, je vous ai toujours dit que ma porte était toujours ouverte, n'est-ce pas ?

ASHLEY (soupirant) : Oooooh oui...

CUPSAND : Et bien figurez vous que viens de la faire réparer, elle ferme parfaitement à présent. Viendrez vous l'essayer un de ses jours ?

ASHLEY (lasse, elle fini son verre de vin) : Formidable ! Oui, sans doute...

CUPSAND (heureux) : Parfait ! Venons en à notre affaire à présent. (son regard blond sous ses cheveux bleux lancent des éclairs) Ecoutez, il se trouve que j'ai un don : je comprends parfaitement les femmes, et c'est pour cela qu'elles se confient régulièrement à moi, en toute confiance . Me faites vous confiance, Ashley ?

ASHLEY (ronde comme une queue de pelle) : Oh mais oui, bien sur Michael !

CUPSAND : Parfait, alors dans ce cas je dois vous avouer une chose : j'ai deviné qu'au fond de vous, vous n'étiez plus heureuse, qu'au fond de vous, vous ne vous sentiez plus... femme . Vous n'êtes plus une femme comblée, et une femme non comblée n'est plus réellement une femme . N'est-ce pas, Ashley ?

ASHLEY (avachie sur la table) : Tu l'as dit mon pote.

CUPSAND : Je vais maintenant vous révéler un secret, ma chère : je sais EXACTEMENT ce
qu'il vous faut : il vous faut un homme. Je veux dire un homme, un vrai, une épaule pour s'appuyer, une oreille pour écouter. Deux têtes valent mieux qu'une pour affronter la vie.

Entre temps, les desserts sont arrivés. Tandis que Cupsand entame avec sa paille son verre de glace, Ashley verse son Martini à l'abricot dans sa mousse au chocolat, avant de tout avaler d'un trait.

ASHLEY (éructante): Tout à fait !

CUPSAND (moucheté de chocolat) : Ecoutez moi Ashley. Je crois être cet homme. Vous savez, maintenant que Drake est mort, vous devez tourner la page, prendre un nouvel élan ! Et pour
cela, je suis prêt à vous aider.

Zoom sur le visage dévasté, incrédule et interrogatif d'Ashley, puis fondu.

- Scène 5 :

L'exercice de la scène à trois est un exercice que seuls quelques réalisateurs totalement incapables ne sont pas capables de réaliser correctement. Cela tombe bien, on en a un sous la main .

Nous sommes dans le séjour des Ramoray. Ashley, toute verte car peu remise de son dessert d'à midi, est avachie dans un fauteuil. Face à elle, dans le canapé, le Docteur Williams bois un whisky, quand soudain on frappe à la porte.

Ashley, incrédule, se compte, puis compte Williams en face d'elle, et s'exclame :

ASHLEY : Serait-ce possible ?...

WILLIAMS : Non, Ashley, vous devez vous faire une raison : Drake est mort à présent !

Tandis que le Docteur Williams tente de la raisonner, Ashley s'est vaguement dirigée, en titubant, vers la porte, d'ou retentit une seconde série de coups. Ashley ouvre alors sur le Docteur Cupsand. Celui-ci paraît impatient.

CUPSAND : Ashley, je dois vous parler. (il entre dans la salle et s'arrête en voyant Williams.) Que faites vous là, Mark ?

WILLIAMS (se levant, un sourire narquois aux lèvres) : Et bien voyez vous, Docteur Cupsand, il se trouve que je respecte les dernières volontés du feu Docteur Drake Ramoray, en veillant sur sa femme, ici présente.

CUPSAND (décontenancé) : Je vois . Et bien tant pis, je dois tout de même, ma chère, vous dire ce que j'aurais du vous dire depuis bien longtemps. (inspirant avant de parler) Voilà, je vous aime, je veux vous épouser.

WILLIAMS (criant) : QUOI ????

ASHLEY (la main devant la bouche) : Bürp !?...

Les deux hommes se font alors face, dressés l'un contre l'autre, et se lancent des regards noirs.

ASHLEY (revenant des WC) : Ecoutez, Michael, tout cela me paraît un peu tot ! Cela fait à peine 2 jours que je suis officiellement veuve, et j'ai à peine ...

La vitre se brise alors dans un nuage de verre. En surgit Drake Ramoray, habillé d'un poncho ayant bien vécu.

RAMORAY (s'adressant à sa femme) : Non, tu n'es pas veuve, car JE N'AI JAMAIS ETE MORT !!

ASHLEY (se précipite dans ses bras) : DRAKE !!!!!

WILLIAMS § CUPSAND (en choeur) : Ramoray !!!

RAMORAY (pointant Williams du doigt) : TOI ! Espèce de traître !! Toi que je croyais être mon ami, tu m'as trahis, mais je suis revenu du Niraguaca ! Tu ne t'y attendais pas, n'est-ce pas !

WILLIAMS (se reprenant) : Non ! Tu n'es pas Drake ! Drake est mort, je le sais ! Tu ne peux être que Ramon, son demi-frère !!

Ashley lève alors un regard incrédule vers celui qui prétend être son mari. Celui-ci la regarde alors avec confiance, mais le doute est là, on le lit dans son regard vaseux. C'est vrai, il semble plus grand, plus fin, plus frisé et plus bronzé. Est-ce lui ?

Fondu au noir sur les deux visages.

Fin de l'épisode.


Je vous laisse.

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