vendredi 17 avril 2009

Travaille, feinéant


Salut à tous,

Ce matin, je ne travaille pas. Et c'est bien, parce que après si, et jusqu'à 23h. Et encore demain. Pourtant, malgré quelques montées de stress et des parties moins agréables que d'autres, je l'aime, mon job. C'est quand même, et ce d'une bonne centaine de milliers de kilomètres, le boulot le plus intéressant que j'ai jamais eu de ma vie. Et je peux vous dire qu'en matière de boulots pourris, j'ai eu ma dose. J'en ai déjà parlé ici, je crois.

On est dans une société ou on glorifie le travail. Ca "grandit" l'homme, il paraît. On le dit surtout dans les régimes totalitaires, réacs ou coco. Dans certains restos japonais, ils diffusent des chaînes... chinoises. Et il n'est pas rare de voir des spectacles grandioses ou un ouvrier, casque et bleu de chauffe impeccables, au milieu de ses collègues, nous chante sa joie d'être opprimé dans un pays aussi bien dirigé. Et les Chinois de Paris, qui ont pourtant fuit cette
dictature infâme, de regarder ça avec attention. La nostalgie, sans doute...

Quand j'étais sur la chaîne à Renault, à deux heures du matin, à mettre du mastic au fond des Clios avec un pinceau, j'étais vachement grand, il faut le reconnaître. Quelle gloire ! A côté, la découverte du vaccin contre la rage, c'est un but du pointu contre l'AS PTT le Vésinay devant 15 spectateurs.

A une autre époque, le travail était tellement glorifié qu'il avait remplacé, au même titre que la famille et la patrie - en première place, même - la liberté, l'égalité et la fraternité. Vous savez, ces trois valeurs qui guident notre société. Ca saute aux yeux : la liberté est totale - mais elles s'arrête là ou celle des autres commence -, l'égalité est évidente - même si y en a de plus égaux que d'autres -, et la fraternité est affichée partout, par tout le monde - même si elle est devenue un slogan politique un peu vide de sens.

Pour être honnête et arrêter d'être ironique, rien n'a changé quant aux priorités dans notre pays. Bien sûr, rien de comparable avec le régime totalitaire de l'époque, dieu merci. Mais ce qu'on apprends aux gamins aujourd'hui, c'est le travail, respecter sa famille et aimer son pays. Regardez Zemmour... il est extrême, mais il est bien de son temps, contrairement à ce qu'il prétend. Aujourd'hui, si un footballeur chante pas la Marseillaise, on le menace de le virer de l'équipe nationale. Si un mec est chômeur, on l'oblige à aller chercher un boulot ailleurs, voire loin de chez lui, ou alors on lui zappe ses indemnités. Et accessoirement, on le traite de feinéant, y compris au plus haut sommet de l'état. Si on peut appeler ça un sommet.

Quant à la famille, le jour ou les homos auront le droit de se marier et d'adopter n'est pas encore arrivé.

Je ne sais pas si je suis un feinéant. J'ai l'impression de beaucoup donner dans mon boulot, mais aussi dans mes piges. Je pense être capable de donner énormément pour quelque chose qui m'intéresse. Et si ça ne m'intéresse pas, comme c'est le cas dans 95 % des cas dans le monde, et ben je le fais quand même. mais je garde le droit de ne pas aimer ça, et de trouver ça avilissant. J'ai le droit d'être feinéant, comme la nouvelle génération a le droit d'aimer l'argent, la célébrité et la réussite. Ce n'est vraiment pas le défaut le plus grave de la terre, même si on voudrait nous faire croire le contraîre. Moi qui alterne des journées avec lever à 8h et d'autres à grasses mats, je peux vous le dire : c'est tellement plus sympa de pouvoir dormir le matin, que de ne pas pouvoir, boulot intéressant ou pas. Pourquoi est-on ici ? Pour travailler, ou pour être heureux ? Sachant que, dans 95 % des cas, je le répète, les deux sont difficilement conciliables.

La fourmi donne la leçon à la cigale, mais rien ne prouve dans la fable qu'elle s'amuse dans sa vie. Elle n'a pas l'air d'être une marrante, dans son genre.

Mes parents m'ont bien élevé, je crois, ils ont travaillé très dur pour ça, j'en suis sûr. Mais ce n'est pas pour ça que je veux me briser le dos jusqu'à la retraite pour n'être heureux qu'à 60 ans. Sans le vouloir, ils m'ont appris à respecter l'effort, mais pas à l'aimer. Y a une nuance, indéniable. Voir ses parents souffrir du dos ou de l'audition parce qu'ils ont trop travaillé dans leurs vies, trop près des machines, ça ne donne pas envie de faire pareil. Si on a un boulot intéressant, enrichissant - sur le plan spirituel - d'accord, on a envie d'aller bosser. Mais si c'est l'usine, si c'est éreintant, et ben... ça vaut pas le coup, désolé Nico. Au fait, Gnafron, je ne me lève peut-être pas tot, mais cette semaine je bosse 54 heures, et je n'ai pas de pige.

Je vous laisse.

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