mardi 9 juin 2009

Ah, mes aïeux !


Salut à tous,

Hier soir, j'ai eu un flash en me voyant dans le miroir du Japonais ou on va régulièrement avec mon Amour, à Montparnasse. Je regardais ma tête, et ça m'a fait un choc : si j'ai une barbe en plus en des cheveux plus sombres, je suis le sosie de plus en plus parfait de mon grand-père maternel, un Normand pur sucre. Si je suis un mélange de plusieurs régions de France et d'ailleurs (Bretagne, Normandie, Sarthe, Belgique, Arménie...), lui aurait presque pu réclamer le trône de Scandinavie en tant qu'héritier direct du dernier des Vikings.

Du coup, tandis que nous errions dans le Inno d'à côté, et que mon cerveau était donc totalement libre, je me suis mis à penser à mes deux grand-pères, disparus tous deux il y a peu. Je me suis mis à imaginer leurs vies à la charnière des années 50 et 60, lorsqu'ils avaient mon âge. Déjà, ils étaient père depuis un moment, depuis 1952 pour être précis. Il y avait donc peu de chance qu'ils aient la même vie que moi, a priori. Surtout, ils avaient connu la guerre, et baignaient depuis dans ce que notre génération a bien du mal à concevoir, les 30 glorieuses : zéro chômage, zéro sida, zéro Sarkozy. A part la guerre froide et les Yéyés, ils n'avaient pas grand chose à se soucier que de leur propre progéniture. Et en plus, ils ont connu les plus belles Coupe du Monde de l'histoire, 54 et 58, voire 70 ! Ils ont connu Kopa, Pelé, les ont peut-être même vu jouer, dans une vitrine de vendeur de télé, comma ça se faisait à l'époque... q
uel pied...

Il faudrait donc que je compare plutôt ma vie actuelle avec celle qui était la leur AVANT que la corde rèche du mariage et le boulet de la paternité (roh ça va, je souligne le trait :p) ne fasse littéralement basculer leurs vies. Un des deux avait non seulement connu la guerre, mais s'y est même battu : pourtant, il a fêté ses 20 ans en même temps qu'il a fêté la paix. Il n'était donc pas majeur lorsqu'il se battait dans les FFI, près de Nantes, contre les dernières poches nazies. Il n'était pas très vieux non plus lorsque, 10 ans plus tard, il est allé en Indochine. Des choses que je sais, qui auraient dû m'inciter à en savoir plus sur cette période inconcevable, ou on se battait tous les 10 ans, et ou la France, qui torturait allègrement, perdait à chaque fois, en plus. A l'époque ou la guerre ne traçait pas de jolies explosions vertes sans signification réelle, au JT de 20 heures. C'était des guerres sales.

Pourtant, je n'ai jamais cherché à approfondir l'interrogatoire. Peut-être qu'il n'avait pas vraiment envie d'en parler. Mes deux aïeux n'étaient pas des bavards, même s'ils n'étaient pas muets non plus. Je pense avoir en partie hérité ça d'eux, par l'entremise de ma mère. En revanche, difficile d'imaginer une table muette et constellée de silences gênés si mon père y est assis :p Lui a hérité de ma grand-mère.

Sur mon autre grand-père, j'en sais encore moins. Il était trop jeune pour faire la guerre. Comment ces deux couples se sont noués, à une époque ou on rencontrait le sexe opposé lors des mariages, avec l'obligation de demander l'autorisation au paternel pour inviter une fille, et ou faire des cochonneries avant la bague était tout à fait proscris ? Etait-ce des mariages d'amour ? Rien que de poser la question me choque. J'ai du mal à imaginer que ce ne soit pas le cas. Après tout, mes grand-pères, tous deux ouvriers et venant de familles modestes, n'étaient pas ce qu'on aurait pu appeler des "bons partis"... et en général c'était une des conditions d'un mariage "arrangé" par les parents non ?

Impossible de comparer ma vie avec la leur, même si j'avais moi aussi deux ou trois moutards sur les bras, comme c'était leur cas - comme c'était celui de mes parents, d'ailleurs. En effet, je suis assez vieux pour avoir un souvenir encore précis de la vie sans Internet, sans portable et sans blogs. Quand on prenait un rendez-vous, il fallait qu'il soit précis, parce que sur place on avait aucun moyen de s'assurer que la personne était en route. J'ai moi-même passé un après-midi entier sur une plage à attendre une fille, qui n'est jamais venue... quand on voyait ses amis le week-end, on avait une tonne de trucs à se raconter, qu'on ne s'était pas dis toute la semaine sur Internet... Et lorsqu'on prenait une photo avec ces appareils qu'on n'avait pas encore besoin d'appeler "argentiques", pour les différencier des numériques, il fallait s'appliquer, parce qu'on ne pouvait pas recommencer, ni effacer les photos ratées d'un seul clic... Un autre siècle, vraiment.

Mais eux-même avaient les voitures, les cuisines modernes et la télévision, par rapport à leurs propres aïeux, qui avaient découvert l'électricité... purée qu'est-ce que je suis profond moi aujourd'hui...

S'en est trop, je vous laisse.

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