lundi 7 mars 2011

Actu compact


Salut à tous,

Depuis que j'ai la télé par satellite, je dois dire que, lorsqu'elle est allumée, je passe le plus clair de mon temps à regarder les chaînes d'infos, en plus de l'Equipe TV, bien sûr. Enfin, j'ai deux chaînes d'infos à regarder : BFM TV et I télé. Et du coup, j'ai une impression étrange, c'est que l'info n'a jamais été aussi dense. Un sentiment sans doute déformé, donc, par ce flot d'informations dont je m'abreuve quotidiennement.

Du coup, j'ai 36 idées de post à la seconde, tellement y a de sujets à relever dans l'actu. Oh, ce n'est pas la diversité de traitement qui est en cause : d'une chaîne à l'autre, les sujets sont les mêmes, et traités de la même manière. Ce qui est intéressant, c'est de regarder la multitude de débats qui se sont développés dans ces nouvelles chaînes. Avant, les journalistes politiques étaient rarement visibles, ils ressemblaient tous à Jean-Paul Sartre, des gratte-papiers rébarbatifs et poussiéreux, et n'avaient jamais l'obligation de soigner leur look comme le font certains aujourd'hui, comme Christophe Barbier. Difficile de trouver aujourd'hui un journaliste politique majeur de presse écrite qui ne passe pas à la télé. Difficile également d'imaginer ceux des années 50, par exemple, se risquer sur un plateau télé actuel. Sans remonter aussi loin, il suffit de regarder la tronche, et surtout la raie sur le côté, d'Alain Duhamel dans les années 70, pour comprendre qu'à l'époque la compétence et la connaissance des dossiers prévalaient sur le physique, la mise-en-pli et l'aisance face aux caméras. Heureuse époque.

Les sujets ne manquent donc pas. Il y a eu la mort d'Annie Girardot, dont l'ampleur des célébrations et surtout des lamentations généralisées n'a cessé de m'étonner. Oui, c'était une très bonne actrice des années 50, dans des films que, peut-être, 10 % de la population à vu, comme ceux de Fellini par exemple. Oui, sa maladie et sa fameuse tirade des Césars en 96 je crois m'a ému, comme beaucoup. En revanche, elle a additionné les nanards franchouillards dans les années 70 et 80, et c'est évidemment ce qui a marqué ma rétine de trentenaire. Depuis je l'ai vue nulle part, j'ai entendu parler d'elle par les humoristes qui se moquaient, certes cruellement, de son Alzheimer, mais aussi de sa voix enrouée de fumeuse. Et ce n'est certainement pas la première actrice à passer de la starisation à la ringardise en l'espace d'une décennie, y a pas de quoi non plus nous tirer des larmes avec une telle force. Le traitement quasi pharaonique de son décès et de ses obsèques m'a donc forcément interpellé. Qu'est-ce que ce sera quand Depardieu ou Isabelle Huppert passerons également la main ? Une vague de suicides collectifs dans le cinéma français ?

Y a eu aussi, bien sûr, l'anniversaire de la mort de Gainsbourg. Autant je ne risque pas de me souvenir dans 20 ans de la date de la mort d'Annie Girardot - et à mon avis, je ne serais pas le seul - autant celle de Sergio, comme celle de Coluche, un jour où on rentrait de vacances avec mes parents, m'a marqué au fer rouge, même si j'ai surtout découvert son répertoire APRES son décès. Mais il était déjà un personnage fascinant, et j'étais déjà fan de la Javanaise, ce sublime chef-d'œuvre longtemps méconnu, et symbole d'une époque ou St-Germain-en-Laye se l'arrachait autant qu'aujourd'hui n'importe quel chanteur français, d'Etienne Daho à Christophe Maé, semble avoir été tiré de sa cuisse si on les écoute en parler.

Gainsbourg, c'est un compositeur unique, un personnage extrêmement contrasté, à la fois exibo, anarchiste et très classique, voire traditionaliste, et c'est également un modèle de mysoginisme éclairé. Il se moquait des femmes autant qu'il les aimait, parce qu'il les traitait d'égal à égal, tout simplement, il les jugeait de la même manière que les hommes. Mais dans une époque où aujourd'hui, il est autant impossible d'espérer énumérer un seul défaut féminin que de nier ceux de la gente masculine, quasi institutionnalisés par la pub, Gainsbourg se serait fait jeter comme la dernière des merdes réactionnaires s'il n'avait pas séduit, et surtout attiré l'admiration, d'une bonne dizaine de femmes dont certaines ne peuvent pas être jugées comme étant des idiotes sans cervelles, comme Catherine Deneuve ou même Françoise Hardy ou France Gall, sans parler de Juliette Greco. Dans ce monde emmitouflé et endormi, on n'a plus le droit d'avoir de défauts, donc on refuse d'accepter les siens, qui nous excluraient presque de la race humaine, alors qu'ils y signent pourtant notre appartenance à tout jamais. Et c'est un coléreux, dépensier, fainéant (ma pause s'est terminée il y a 10 minutes), goinfre et bordélique trentenaire chauve et bedonnant qui vous le dit.

Il y a également ce fameux sondage de ce WE, mettant Marine Le Pen en tête au premier tour dans 14 mois. Bien sûr, ce résultat est extrêmement relatif, puisqu'il sera complètement nié par le vote de 2012, comme ce fut le cas lors de toutes les élections précédentes, hormis peut-être la dernière. Il n'empêche qu'il est extrêmement révélateur de ce qui se passe EN CE MOMENT, et surtout sur la composition de notre société, où près de la moitié de la population se croit obligée de voter pour le Front National ET Sarkozy, qui a récupéré les mêmes thèmes pour garantir sa réélection, avec une chance non négligeable d'y arriver, quoi qu'on en dise. C'est le genre d'infos qui vous déprime pour un bon moment. Je vis mal toute cette période, où on passe notre temps à parler d'identité nationale, d'immigration et d'Islam, comme si ça pouvait sérieusement intéresser les gens. En fait oui, ça doit les intéresser, vu le résultat de ce sondage. Pourtant, il suffit de réfléchir une demi-seconde pour comprendre qu'il suffirait de faire sa mère au chômage pour renvoyer le FN sous les 5 % et annihiler profondément l'insécurité. Mais il est tellement plus simple - et surtout plus visible médiatiquement - de s'attaquer aux conséquences plutôt qu'aux causes.

Je vous laisse.

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