Après une deuxième nuit passée dans la même auberge mais dans une autre chambre (de 10, contre 4 pour la première), en raison d'une histoire un peu compliquée de réservations différentes, et dans laquelle, à la faveur des ronflements d'un des pensionnaires, je ne dormirais pas plus de trois ou quatre heures, on s'en va monter dans le bus qui s'apprête à nous emmener plein nord, vers les Highlands et l'Ile de Skye. Le pied ! Il fait déjà jour, il fait beau, et, parmi les 18 touristes qui nous accompagnent, aucun autre Français. Mais on a tort d'imaginer que ce tour est seulement européen, et britanico-britannique en particulier : une bonne moitié vient d'Australie, un quart des Etats-Unis - du Wisconsin, pour être précis -, plus deux Taiwanaises, une Singapourienne et nous, pauvres français, qui allons ainsi pouvoir travailler à la fois notre Anglais et nos accents. Et y a du boulot...
Notre guide, Michael, est l'archétype de l'Écossais, même si on peut penser que son Kilt est plus réglementaire qu'autre chose. Pour ma part, j'ai quand même l'impression qu'il y est un peu trop habitué pour ça. D'ailleurs, il n'a pas seulement le Kilt comme preuve de son "écossitude" : son look, avec des cheveux longs et flottants au vent, ses connaissances encyclopédiques sur son pays adoré, et son accent bien sûr. L'accent écossais, c'est un bonheur : les R y sont roulés avec amours, c'est un voyage en lui-même.
Et puis, c'est un indépendantiste assumé et affirmé. Ça peut paraître rétrograde pour des Français qui n'ont jamais été autre chose que Français depuis l'année 987, pour qui la nationalité n'est pas un questionnement, contrairement à ce que l'UMP veut bien nous faire croire. L'Écosse, comme d'autres pays comme la Pologne ou même l'Italie, a une longue histoire, mais n'a jamais cessé d'être attaqué de toutes parts, et colonisé par ailleurs. Il y a objectivement de très bonnes raisons pour que l'Écosse, qui est déjà indépendante énergétiquement et économiquement, soit libre un jour. Pourquoi le Kosovo, le Monténégro, l'Ukraine, l'Irlande et pas l'Écosse ? Elle n'est britannique que depuis trois siècles, après tout, elle a son parlement, sa propre fiscalité, sa propre histoire avec une longue lignée de Rois, dont certains ont régné sur l'Angleterre d'ailleurs... à nous, ça nous paraît dérisoire, cet amour pour son pays, sauf que pour nous c'est facile, puisque notre indépendance n'a quasiment jamais été remise en question en plus d'un millénaire d'histoire. En Écosse, presque tout est précédé du mot "Scottish" : "Scottish Bank", "Scottish ambulances"... ils sont fiers d'être Écossais, de leur culture si riche et particulière parce que finalement, ils ne le sont pas vraiment. C'est leur façon d'affirmer une indépendance qui reste virtuelle. Si on avait été colonisé par l'Allemagne, il y a 60 ans, peut-être que nous aussi on n'arrêterait pas de chanter la Marseillaise et de mettre en avant notre culture, en se baladant avec des bérets. On aurait une bonne raison, là, pas comme maintenant.
Bref donc partons vers les Highlands ! Tout le long du voyage, Michael alterne entre récits passionnants sur son pays, et musique écossaise. On aura donc droit à des chants traditionnels, mais aussi à du KT Tunstall (au secours), aux Fratellis, etc... également au "Mull of Kintyre" de Paul McCartney, au "Who wants to live Forever", de Queen, mais malgré mes réclamations, on sera privé de Mark Knopfler. En revanche, éviter Texas fut une bénédiction.
On commence par passer le pont qui nous permet de rejoindre la région de Fife. Le "meilleur pont du monde", selon notre si objectif guide. Et c'est vrai que sa construction, il y a plus d'un siècle et au prix de pas mal de vies humaines, fut un authentique exploit.
Quelques kilomètres plus tard, premier arrêt. Y en aura une multitude d'autres en trois jours, et ça restera la plaie de ce trip : ces arrêts continuels, entre la chaleur du bus et le froid extérieur. Se déshabiller, se rhabiller... ça doit être plus reposant en été. Bref, donc on s'arrête le long d'une route, pour une balade en forêt et pour voir une cascade qui a inspiré de nombreux écrivains, dont Walter Scott.
Honnêtement, à ce moment-là, en voyant de tels paysages, je pense déjà pas mal à JRR Tolkkien, qui est d'ailleurs venu écrire en Écosse. Et ce n'est que le début, là aussi.
Deuxième arrêt, quelques kilomètres plus loin, à Pitlochry, un charmant village recouvert de neige. On s'apprête à intégrer les Grampian Mountains, et le temps comme le dénivelé s'en ressentent déjà.
On en profite pour acheter des sandwiches à l'Écossaise. Il n'est que 11 heures, mais tandis que nous attendons sagement midi pour les manger, les Américaines engloutissent le leur en un temps record. Il faut dire qu'elles étaient à côté de nous, et qu'elles n'allaient jamais arrêter de manger tout le long du voyage, à n'importe quelle heure. Des chips, des cacahuètes, du beurre de cacahuète... ça allait sentir le gras durant la moitié du voyage. Une ancienne habitude personnelle qui aujourd'hui me choquerait presque :p
Puis direction Tomatin, une très prestigieuse distillerie où on goûtera un délicieux Whisky, moi qui n'en suis pourtant pas friand habituellement. Les bouteilles sont hors de prix... et on peut y admirer une multitude de produits dérivés comme des confitures au Whisky, des gâteaux au Whisky, etc.
Fin de la troisième partie.
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