jeudi 24 mars 2011

Scot trip 8


Pas vraiment remis de nos émotions - à la fois physiquement et moralement -, voilà qu'on doit à nouveau descendre du bus. Si j'étais mauvaise langue, je dirais que les mutins de Knysna devraient faire ce tour histoire d'apprendre comment descendre d'un bus... Blagues faciles et éculées à part, c'est les mollets encore durs qu'on repart visiter un château. Pour cela, on passe par un long champ qui longe la mer.

Il s'agit du château de Duntulm, célèbre pour une lutte très ancienne entre chefs de clan conclu par un jet de bébé par la fenêtre... Oui oh ça va, c'est facile de juger quand on a des totottes pour les calmer hein ! Bref, comme sur quasiment tous les sites visités durant ce tour, on est seul au monde, à part les moutons, les mouettes et le vent. Pourtant, dieu sait que ces endroits ont un potentiel touristique énorme ! Mais c'est préservé, et c'est une bénédiction. Pas de gardien, rien. C'est un site extraordinaire, et visitable librement, et gratuitement ! Incroyable.

Le château est prenable d'en bas, mais le mieux c'est encore de grimper la butte sur laquelle il surveille la côte pour aller le visiter de l'intérieur. Il y a une grille fermée, mais Michael nous dit qu'on peut y aller quand même. Je profite de ma forme physique toute nouvelle pour la franchir, en compagnie de deux Australiennes sportives vivant à Edimbourg et qui galopent toujours en tête du groupe.

Évidemment, la vue est imprenable. Si il n'y avait pas eu un tel risque de finir avec la tête éclatée par une masse viking, j'avoue que j'aurais bien voulu être un Highlander de l'époque vivant en haut de cette butte, dans ce château, et admirer cette vue tous les matins.

On repart dans le bus. Il nous reste deux choses à voir avant la fin de la journée : d'abord un petit village avec des maisons de l'époque, dont le seul intérêt semble malgré tout être les toilettes postées en contrebas, et qui rencontreront un vif succès de notre part...

... et surtout the Fairy Glen, c'est-à-dire la Vallée des Fées. Là, on rentre en plein cœur des contes traditionnels celtes, et de la mythologie écossaise qui a inspiré tant d'auteurs, notamment Tolkkien, qui a forcément créé the Shire, le pays des Hobbits, après avoir vu cet endroit incroyable. Au détour d'un virage, on se retrouve entouré de colines parsemées de vagues, avec des arbres tordus, des dessins faits de pierre, des... putain, c'est indescriptible. On n'a vraiment plus l'impression d'être dans notre monde terre-à-terre et cartésien. Dans le bus, Michael nous informe le plus sérieusement du monde qu'il ne faut ni jurer, ni marcher les mains dans les poches, ni emporter quoique ce soit du site, sous peine d'avoir les fées - qui ne sont pas les êtres si recommandables qu'on veut bien nous vendre - sur le dos durant un petit moment. Il nous raconte ainsi l'histoire d'un type qui y avait piqué un caillou, et qui l'avait renvoyé parce que depuis son retour, les catastrophes s'accumulaient dans sa vie... Tout ça dit évidemment sans le moindre rictus condescendant. Soit c'est un excellent acteur, soit il y croyait pas mal.

Malheureusement, la marche était assez ardue et j'étais tellement éberlué que j'ai oublié de prendre les bonnes photos, notamment des arbres. Au bout de cette petite marche, nous voilà en haut d'une colline... accessible par un passage extrêmement étroit et abrupt. Si je n'avais pas perdu 30 kilos, je serais encore coincé là-haut aujourd'hui. Honnêtement, je ne sais toujours pas comment je suis ressorti de cet endroit.

Une fois en haut, tandis que j'allumais la vue, je me disais qu'il allaient devoir envoyer un hélico pour venir me récupérer, moi et quelques Américaines toutes aussi empotées. Heureusement, j'ai réussi à redescendre, en me niquant un peu le genou, mais rien de méchant. Je vous dis, ce voyage c'est tout sauf la croisière à papy.

Bref, on repart, cette fois pour de bon. En regardant la carte, on constate que contrairement à ce que les dépliants et divers sites internet nous laissaient entendre, on zappe une grande partie sud-sud-est de l'ile, on s'est contenté de voir que la péninsule nord, ce qui était déjà pas mal, c'est sûr, mais bon. Ça ne devait pas être dégueulasse non plus à voir. Ce sera pour la prochaine fois...

Pour ce soir, Michael nous propose une soirée à l'auberge, avec préparation de spaghettis bolognaises - la spécialité Macbackpackers apparemment - à la clé. Pas de problème, on fait quelques courses dans l'unique supermarché de l'ile, à Portree, où nous assisterons à l'unique conflit - très relatif - du tour, entre une Américaine qui souhaitait acheter six paquets de gruyère, et une des deux Australiennes sportives, qui n'en voulait que... deux. Cette dernière obtiendra quasiment gain de cause en enlevant sans prévenir trois paquets... procédé partant d'un bon sentiment mais discutable tout de même. Et je ne dis pas ça parce que mon amour absolu du fromage tendait à me mettre du côté de l'Américaine...

Au final, alors que notre arrogance gastronomique toute française nous faisait craindre le pire à l'idée de spaghetti bolognaises faites par des Australiennes et des Américaines, on s'est régalé, bien qu'il ne s'agissait pas de spaghetti... peu importe, la sauce était parfaite. Surtout, la soirée fut très sympa, on a beaucoup discuté avec tout le monde - hormis les Australiens, assez froids et qui se connaissaient pour la plupart - notamment les trois Asiatiques, qui nous montrèrent comment écrire chinois - me demandez pas de vous le montrer, j'ai déjà oublié, mais c'était très intéressant, si si, c'est extrêmement imagé - et nous demandèrent pourquoi Paris, et notamment son métro, étaient aussi sales, si je trouvais que les Parisiennes étaient plus jolies que les autres - ce qui va de soit - etc.

On a également beaucoup discuté avec les Américaines, à qui on a appris que l'Australie n'était pas un continent - en même temps, pas mal de Français doivent le penser aussi, pas de quoi être narquois sur leur supposée nullité en géographie mondiale. Elles nous diront en tous cas à quel point on a de la chance de pouvoir visiter d'autres pays européens aussi facilement. Elles qui vivent dans le Wisconsin, en plein milieu des États-Unis, à part le Canada pas trop loin, c'est très difficile. Pour elles, visiter Los Angeles, c'est comme visiter Istanbul, voyez... pas vraiment la porte à côté.

On a également essayé de jouer en Anglais au Trivial Pursuit, avec des cartes aux thèmes très anglo-saxons... pas évident, ne serait-ce que pour comprendre les questions... En revanche, on a pu constater que les Australiens et les Anglais avaient une grosse culture populaire en commun, qui a échappé à la France.

Demain, retour sur terre... enfin, en Grande-Bretagne.

Fin de la huitième partie.

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