dimanche 20 mars 2011

Scot trip 4


Puis vient une visite qui marquera mon séjour en Écosse : la visite du champ de bataille de
Culloden, tout près d'Inverness, point atteint après une longue route en bus. Au départ, quand on nous dit qu'on va visiter un champ de bataille, on a du mal à imaginer un truc intéressant : les principaux protagonistes - les soldats - ne sont plus là, a priori, et ils laissent rarement des souvenirs derrière eux. Et si c'est le cas, les archéologues et autres historiens les laissent rarement traîner par terre. Tu te dis donc que tu vas juste voir un champ, et devoir t'appuyer sur ton sens de l'imagination et sur le récit de Mike, notre guide, pour pouvoir goûter un peu cette visite, qui s'effectuera, en plus, dans un manteau neigeux extrêmement épais, en plus d'être rarissime dans cette région. On est maudit, je vous le dis, un an après Barcelone.

Et pourtant, on aura pas beaucoup de mal à se mettre dans le bain. Le récit de notre ami Michael est saisissant : il semble habité, comme possédé par ces Highlanders chargeant dans la campagne sous la mitraille parfaitement étudiée des Anglais.

Il nous raconte comment ses ancêtres ont été massacrés après leur défaite ce jour-là, et surtout comment, ensuite, tout ce qui constituait l'identité écossaise (kilts, tartans...) fut interdit et réprimé en Grande-Bretagne, au prix, parfois, de tueries. Un "génocide", selon ses propres termes, qui obligea de nombreux Écossais à quitter le pays depuis. Encore maintenant, l'émigration est importante : le nombre d'habitants en Écosse n'a quasiment pas augmenté depuis la guerre, aux alentours de 5 millions. C'est pour cela qu'il nous affirmera le plus sérieusement du monde que cette bataille a tout simplement "changé le cours de l'Histoire du monde". Fichtre ! Bah ouais, tous ces Écossais sont allés influencer le blues et le rock aux États-Unis, jouer un rôle essentiel en Australie, etc...

Toujours est-il que ce champ de bataille est finalement plutôt bien illustré sur le terrain. D'abord, une série de drapeaux, rouges pour les Anglais et bleus pour les Écossais, sont alignés le long de ce qui fut les positions des deux armées avant qu'elles ne s'affrontent. Nous sommes du côté Anglais, et ceux de leurs vaillants adversaires sont à peine visibles, au loin, au pieds d'une forêt.

Le long du chemin, terriblement torturé et qui souligne à quel point ça devait être difficile de courir au milieu de ces ornières, de ces pierres et de ces troncs d'arbres - et encore, ils n'avaient pas la neige, eux - des tombes sont présentes. Elles représentes tous les clans qui ont combattu en ce jour sombre pour l'Écosse.

Au milieu, on tombe sur ce monument qui commémore la mémoire de tous ces hommes tombés pour ce Stuart qui voulait être roi, et qui ne le sera jamais, "Bonnie Prince Charlie", dont on entendra le nom durant quasiment tout le tour.

Enfin, derrière les lignes anglaises, en revenant vers le bus, on peut admirer une jolie petite maison restée intacte qui servit pour soigner les combattants de la Rose.

Bref, une visite vécue dans un vent et un silence quasi religieux, encore plus impressionnante que je ne le pensais.

Peu après, on passe dans Inverness, sans s'arrêter malheureusement. On ne peut pas être plus au nord sur l'île de Grande-Bretagne, du moins dans notre voyage : en fait, on ratera une bonne partie du nord du pays, l'essentiel des Highlands. Mais on ne sera pas déçu pour autant de ce qu'on verra durant notre descente vers le sud-ouest, et notre arrivée à l'Ile de Skye.

D'abord, le clou de cette première journée, l'endroit le plus connu et le plus symbolique de l'Écosse au niveau mondial, le Loch Ness. Un très long lac qui suit le sillon du Glen Coe, une faille faisant le lien entre la mer du Nord et l'Atlantique, d'Inverness à Fort William, parsemé de Lochs, ces lacs ou bras de mers tellement représentatifs des paysages de ce pays. L'équivalent des Fjords norvégiens.

Le long de ce véritable monument national, dont le mythe repose pourtant sur une des plus belles arnaques de l'histoire humaine - un monstre que personne n'a vraiment vu, une histoire corroborée par des photos montages assumés par leurs auteurs... - on est saisi par sa beauté extrême, assisté par une lumière typiquement écossaise. On a l'impression d'être dans une pub pour du Whisky...

On s'arrête à un endroit pour touristes, avec Nessie en plastique, boutique, hôtel et compagnie. Il y a également un endroit pour... se baigner, occasion que n'hésiterons pas à saisir les Australiens.

Moi qui adore les eaux glacées, je n'aurais peut-être pas fait ça pour autant. Voyez-vous, c'est comme si je faisais un barbecue sur la flamme du soldat inconnu, ou de l'escalade sur le Mont-Saint-Michel. Pour moi, on ne se baigne pas dans le Loch Ness. On le fantasme, on le craint, on l'admire, mais jamais je n'aurais pensé me baigner dedans. Seule concession à mon respect absolu pour une telle merveille : j'y ai piqué un caillou qui y baignait.

Fin de la quatrième partie.

1 commentaire:

Manue a dit…

un vrai écossais Michael, il a même pas froid aux pattes :p
très interessante cette histoire
je regrette de ne pas avoir de photo où tu te baignes dans le Loch Ness :p