J'ai pas mal été gâté cette année à Noël, et vous ? Moi c'était pas mal, franchement j'avoue. Des sweats, du roquefort Papillon, une box Happytime, des gants, le bouquin de VGE... oui oui, Valery, pas Vigilance grecque et espagnole. Mais il parle de Napoléon, une de mes passions, donc ça compense un peu.
Mon cousin m'a aussi offert un vieux jeu Nintendo auquel j'ai joué pendant des années sans discontinuer, tandis que le monde du jeu vidéo évoluait à une vitesse folle. C'est mon défaut : quand j'aime un truc, je m'y scotche et je le lâche pas, jusqu'à ce que la lassitude intervienne. Je fais ça avec itunes : l'aléatoire m'amène à une chanson que j'aime bien et hop, je la mets en boucle, ça peut durer plusieurs heures... Il s'agit d'Eric Cantona Football Challenge.
Dans le lien que je vous ai refilé, le type est très complet sur le jeu. Il dit cependant des trucs auquel je ne souscris : par exemple, qu'on jouait à ce jeu uniquement pour le mode "en salle". Moi j'aimais pas ce mode. D'accord, c'était fun, mais au bout d'un moment c'était tellement facile... je préférais nettement le vrai foot.
Je prenais un plaisir pas possible, comme jamais je n'en ai pris avec d'autres jeux pourtant infiniment plus évolués. D'abord, t'as un grand choix d'équipe, dont tu peux modifier le nom, le maillot et le nom des joueurs aussi. Du coup j'avais un choix hallucinant ! Je pouvais faire les championnats que je voulais, jusqu'à 16 équipes (sur 64). Du coup moi je faisais 4 divisions, avec 3 promus et 3 relégués, et je lançais le jeu, sans jouer. Je notais les résultats, et recommençais. Et du coup je pouvais faire une sorte de classement général des équipes. A titre indicatif, la moins bonne c'était la Grèce, derrière des équipes comme le Guatemala et même le Malawi, qui se débrouillais, et la meilleure... la France, à la lutte avec l'Italie, l'Allemagne, le Brésil... ou les Etats-Unis. Une histoire de marchés sans doute...
Sinon y avait le jeu en lui-même, bien sûr. Et là, j'étais juste un dieu, sans rire. Je prenais la plus mauvaise équipe, la Grèce donc, et je défiais les meilleures, que je battais quasi systématiquement, au sein de la Super Cup, compétition qui regroupait toutes les équipes. Pourtant la différence de technique (quasiment aucun effet dans la balle), et surtout la vitesse, du simple au quadruple quasiment (!), étaient énormes. Une seule solution, donc : le collectif. Mes joueurs avançaient en trainant leurs 30 tonnes tout en répétant les passes. Avec un peu d'habileté, j'arrivais à marquer régulièrement à n'importe qui, et à gagner régulièrement la Super Cup. J'appelais ça la Barcelonnaise...
J'avais d'autre techniques : la frappe de l'entrée de la surface, dans l'axe, quasi imparable et qui se fichait systématiquement sous la barre gardée par des gardiens nains (mais donner un peu d'effet au dernier moment était plus efficace), le centre tir en bout de course (effet indispensable) ou la frappe croisée dans la lucarne opposée. Le contexte du match était important, surtout le vent - option que tu ne pouvais pas choisir : quand y en avait, la balle était terriblement influencée. Du coup parfois t'avais même pas besoin de mettre de l'effet...
Quand tu gagnais la Super Cup, tu débloquais une autre coupe avec deux équipes effrayantes qui allaient encore plus vite que les meilleures. Les battre, c'était un grand moment... ensuite tu pouvais les prendre pour jouer avec, mais ça m'a jamais amusé de jouer avec des équipes trop fortes. C'est comme à l'Entraîneur 5 : c'est quoi l'intérêt de prendre le Real pour tout de suite tout gagner ?
J'ai donc le jeu, et je brûle d'envie d'y jouer. Problème : j'ai toujours ma vieille Super NES, qui prend la poussière sous des bouquins près de ma télé. Mais elle a logiquement rendu l'âme... si j'en trouve une autre d'occase (une neuve, c'est pas gagné), ça va être la folie !
Voilà, on est en plein dedans, c'est Noël. C'est impossible de passer à côté, alors que la fête de l'Aïd, par exemple, ben c'est nettement moins inévitable. On peut vivre sans savoir qu'elle est passée, alors que Noël, non, même les Musulmans en bouffent des tartines. C'est dans ces moments là qu'il est bon de rappeler que nous vivons dans un pays laïque, et que l'église est séparée de l'état depuis plus de deux siècles. Mais il est vrai que Noël, sauf pour les pratiquants et les chaînes de télé qui persistent à diffuser les messes de Noël le 24 au soir, a pour beaucoup de gens cessé depuis un moment d'être une fête religieuse, pour devenir une fête commerciale.
Pourtant, durant toutes ma vie passée chez mes parents, athées convaincus, en bons communistes, il y avait au pied du sapin une crèche avec tout le bazar dedans : le mioche, les tontons, la vache, l'âne et tutti quanti. Et jusqu'à ce que la patience de nos ainés ne faiblisse, nous devions attendre minuit pour recevoir nos cadeaux. Aujourd'hui, c'est 22 heures, avant le dessert... L'impatience était à son comble, on trépignait, on geignait, on devait être mais... infects, insupportables. Quand y avait des petits avec nous, qui n'avaient pas encore perdu la dernière illusion de leur vie, on était chargé de les emmener jouer avec nous dans les chambres pendant que le Père Noël œuvrait dans le salon. J'imaginais alors les adultes s'agiter, aller dans le froid jusqu'aux voitures chercher les cadeaux et les entasser au pied du conifère sacré. Je ne me sentais plus pisser le jour où j'ai été convié à ce bal. Auparavant, tout en surveillant les plus petits - mon cousin et mon petit frère, en fait - on allait se poster en haut de l'escalier avec mes frères pour surveiller si tout se passait bien.
J'ai bien aimé Noël tant que je recevais des cadeaux d'enfant, je le racontais déjà l'an dernier. Des jouets, des bouquins... mais quand j'ai commencé à recevoir des pulls ou des gants, voire du parfum, à partir de mon adolescence, cette fête m'a de suite beaucoup moins émerveillé. Ce matérialisme avéré m'étonne de moi-même, moi qui porte à la tenue de n'importe quel objet, quel qu'il soit, un entretien très relatif, mais ce paradoxe s'explique à mon avis par le symbole même : je ne voulais juste pas être considéré comme un adulte, parce que l'enfance, c'est quand même ce qui se fait de mieux. Aucune responsabilité, le couvert et le toit garantis, et surtout ce moment, unique dans la vie, où les erreurs ne sont pas rédhibitoire car riches en enseignement, donc sans conséquences réelle. Ensuite, c'est fini, terminé. Pas de cadeaux.
Il y a une autre chose qui a changé, c'est la neige. Quand j'étais petit, dans les années 80, elle n'était pas rare. Je me rappelle de matins épiques où le simple fait d'arriver à mon arrêt de bus pour aller au collège tenait de la gageure, je me pétais la tronche régulièrement, à la Noureev. Mais à partir des années 90 elle était carrément devenue absente, hormis une fois par hiver, et encore. Et depuis deux ans, c'est hallucinant, ça n'arrête pas, c'est pas dur. Les narquois du climat s'en donnent évidemment à cœur joie, genre c'est la preuve que le réchauffement climatique est l'œuvre de l'imagination désœuvrée de bobos parisiens gavés de bio. Sauf que c'est la preuve du dérèglement, justement ! D'abord, ce n'est pas parce que ça caille en France que ça caille sur toute la planète. Ensuite, le réchauffement fait fondre les glaces du pôle, ce qui refroidit le Gulf Stream, ce courant d'eau chaude qui entretient un climat tempéré sur l'Atlantique Nord ! Et ça ne va pas s'arranger ! Le réchauffement climatique ça ne veut pas dire qu'il fait plus chaud, bêtement, ça veut surtout dire que les eaux montent, et qu'il fera plus chaud l'été et plus froid l'hiver ! C'est quand même pas compliqué ! Pourquoi je n'ai entendu que les sceptiques, et aucun avis scientifique ? Punaise...
Bref donc la neige participe à Noël, alors que j'ai été habitué pendant des années à des Noëls gris, et pas blancs. Vais-je recroire un jour au vieux barbu ? La deuxième place du PSG à une journée de la fin des matches allers aurait tendance à y participer, elle aussi...
Ohlàlà je vous néglige là mes enfants, je vous vois déjà à ma porte, avec des banderoles au contenu vitriolé, des saucisses-merguez à la main et l'air peu amène. Vous êtes au moins... pfiou, chais pas moi, six ? Attendons quand même le décompte des syndicats, pour pouvoir faire une moyenne.
En ce moment je bosse de chez moi, ce qui devrais me laisser plus de temps pour vous bichonner, par exemple, vu que la ligne 3 du métro ne m'a pas vu emprunter ses sièges sales depuis deux semaines, ce qui fait pas loin de deux heures par jour. Je n'ai également plus de séries à regarder, vu que Grey's Anatomy est en pause (après l'épisode 10 ? Fonctionnaires va...) et Dexter vient de voir ses fesses si convoitées sauvées d'extrême justesse pour la cinquième fois. Saison 5 finie, rendez-vous en... septembre. Ce n'est pas un supplice, c'est un calvaire, qui donne envie de se suicider à coup d'écoutes répétées d'une chanson de Grégoire, par exemple. Neuf mois sans Dexter, c'est une gestation innommable.
A la place, je cours et surtout je joue à l'entraîneur 5. Ce jeu est devenu tellement facile pour moi que maintenant je me donne des handicaps : là j'ai pris un petit club, l'US Roye, qui évoluait en National, et je ne recrute que des joueurs français. Je suis en 2011, et je viens de qualifier le club pour la Coupe Intertoto. Bon c'est plus long que d'habitude, mais quand même.
Et puis j'écoute de la musique. En ce moment, je suis à fond dans la BO de Trainspotting, qui recelle un nombre de pépites assez hallucinantes. Y a le Mile End de Pulp, que j'écoute en ce moment même pour la 31e fois... Y a aussi Temptation, de New Order, Perfect day, de Lou Reed, of course, et bien sûr Born Slippy d'Underworld, que j'écoutais en boucle il y a une petite quinzaine d'années. Moi qui aime bien ce mode de lecture, la boucle, avec cet album je suis servi.
A propos de cette BO et des deux séries précédemment évoquée, deux visages apparus récemment dans celles-ci m'ont interpellés. Donc j'ai cherché, et j'ai trouvé pourquoi je les connaissais. Le premier d'entre eux c'est Kevin McKidd, qui joue le Dr Owen Hunt dans Grey's Anatomy. Un ancien militaire qui a une tête qui semble montée sur roulement à billes, on a toujours l'impression qu'elle va se décrocher, c'est bizarre. Et bien il jouait dans Trainspotting...
Le second (spoiler Dexter) joue le grand méchant dans la dernière saison de Dexter, un coach de vie sadique du nom de Jordan Chase, et est interprété par Johnny Lee Miller. Et ben lui aussi jouait dans Trainspotting...
Deux acteurs britanniques, qui jouent des américains dans deux séries américaines, et qui, contrairement à Robert Carlyle et surtout Ewan McGregor, n'ont pas vraiment fait leurs trous au cinéma. Par contre, ils font pas mal de théâtre.
Pfiou, un post, une photo, des montages... Je me suis cassé les noix pour me faire pardonner de cette grosse semaine blanche, j'espère que vous avez apprécié l'effort.
Le matin quand je sors 9 et 11 heures du mat, y a ce type, sur un banc, le long de l'Allée verte dont je vous ai parlé récemment. Pas un clodo, sinon je ne vous en parlerais pas. Quoique, les sans-abris à Maisons-Laffitte, c'est comme les électeurs de gauche, si y en a, ils se cachent dans des caves. Suivez mon regard.
Non là le mec est "normal". En fait non, sa présence en pleine matinée sur un banc, en grosse doudoune rouge, avec son vélo, sa radio allumée sur je ne sais quelle station, est tout sauf normale.
Il me fait penser à ce faux médecin qui, pendant 20 ans, a menti à sa famille, leur faisant croire qu'il travaillait à l'OMS, à Genève, alors qu'en fait il passait ses journées dans sa voiture ou à faire des combines pour entretenir son train de vie. Au final, il a zigouillé tous ses proches au moment où ça commençait à déconner pour lui. Lui, il n'a rien à faire ici a priori. Il est propre sur lui, il a un portable, auquel je l'ai déjà vu pendu un matin, alors que je courrais, et il me dit bonjour quand je passe près de lui.
Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Si son boulot c'est réchauffeur en chef de ce banc, alors pas de problème. Si c'est un espion qui surveille la population du parc de Maisons Laffitte, ok, même s'il n'est pas super camouflé. Mais si, par le plus grand des hasards, ces éventualités se révélaient fausses, alors quoi ? A priori, il ressemble beaucoup au mec d'Une époque formidable, joué et dirigé par Gérard Jugnot, qui se fait virer de son boulot mais qui le cache à sa femme. Du coup il vient en vélo jusqu'ici, à un endroit où il n'a aucune chance d'être reconnu, et passe sa matinée à écouter la radio en buvant des bières.
A chaque fois que je le croise, je me demande ce que je pourrais lui dire. Des fois j'ai envie de m'arrêter, et de lui poser toutes les questions que sa présence ici provoque dans ma tête : qu'est-ce qu'il fait ici, a-t-il perdu son boulot, est-ce que sa famille sait qu'il est là... Évidemment, tout le côté gênant reste de son côté, il a l'air d'un gars pas trop con, il se doute que les passants se posent des questions sur lui le matin. En tous cas, quand je passe plus tard, genre vers midi, il est parti. Où ça ? A un autre endroit où se cacher ? Ou alors rentre-t-il chez lui, sa femme étant sortie à son tour, attendant son retour pour lui raconter sa journée de boulot bidon, en s'occupant des devoirs des gosses ? Finalement, ce n'est pas un clodo, mais il n'en pas si loin quand même. Je me demande s'il va rester ici longtemps.
25 janvier 2004, à Guimaraes, au Portugal. Le Benfica de Lisbonne, le plus grand club portugais de l'histoire, en difficulté en championnat, loin du leader Porto, dirigé par José Mourinho, vient de marquer sur le terrain du Vitoria, le club local, qui lui joue le maintien. Le buteur : le Canadien d'origine portugaise, Fernando Aguiar, à la 90e minute. Le passeur ? Miklos Feher, entré en jeu une demi-heure plus tôt histoire de forcer la décision. Le score n'évoluera plus.
Dans la foulée, l'arbitre international Olegario Benquerença inflige un carton jaune à l'attaquant hongrois de Benfica, Miklos Feher. International hongrois (25 sélections, 7 buts) de 24 ans, Feher a jadis brillé à Braga (14 buts en 2000/01) avant de voir ses statistiques baisser à Porto, puis à Lisbonne. Avec 3 buts en 13 apparitions, dont 5 titularisations, il a fort à faire avec la concurrence de Tomislav Sokota, le Croate (7 buts), ou la star locale, Nuno Gomes. Le grand blond, averti, donc, adresse un grand sourire à l'arbitre, puis commence à se replacer.
Il s'arrête, met ses mains sur ses genoux. La télé portugaise, qui retransmet le match, le film de derrière, d'où on peut constater que son short est recouvert de terre. Plié en deux, il commence alors à basculer vers l'arrière, avant de s'effrondrer sur la pelouse sur le dos, les bras en croix. Ses coéquipiers se précipitent vers lui. Six mois plus tôt, durant la Coupe des Confédérations, le Camerounais Marc-Vivien Foé s'était également écroulé de la même manière, terrassé par une crise cardiaque.
C'est la même chose pour Feher. L'ambulance qui l'emmène à l'hôpital, où il décèdera un peu avant minuit, est poursuivie par les médias portugais. Dopage ? Peut-être, en tous cas son cœur était trop gros. Depuis, le numéro 29 n'est plus porté au sein de l'équipe du Benfica.
Je sais, je vous ai déjà bassiné avec le Barça au printemps dernier. L'immense club catalan est le symbole de la Catalogne, plus, sans doute, que Gaudi ou le thon du même nom, symbole surtout de la résistance au Franquisme au milieu du siècle dernier. Mais ce soir, c'est Clasico. Le vrai, l'original, l'ultime. Il n'y a pas mieux au monde.
Pourtant, il y en a des chocs qui mobilisent les foules et les médias. Mais d'habitude ce sont des derbys, qui opposent des équipes dont les supporters se croisent tous les jours au bureau, et notamment les lundis d'après match, à partir desquels, pendant des mois, une partie de la ville peut chambrer l'autre partie, jusqu'à ce que cette dernière prenne sa revanche. En tant qu'amoureux du football et de grands matches, je rêve d'assister au plus grand derby de Buenos Aires (parce qu'il y en a d'autres), Boca Juniors-River Plate, à la Bombonera, par exemple, ou à Fluminense-Flamengo à Maracana, à Rio, ou encore à un Arsenal-Tottenham, à Londres.
En France on n'a pas ça, parce que nos derbys n'en sont pas vraiment. Contrairement à absolument tous nos voisins européens, sans exception, aucune ville française ne regroupe deux clubs de première et/ou deuxième division. Quand Londres compte cinq clubs de première division, Madrid, Milan, Barcelone, Zürich, Glasgow, Bruxelles, Lisbonne, et j'en oublie, deux chacune, Paris en place un en première division, et une en troisième (Paris FC), si on ne compte pas, bien sûr, Alfortville ou Créteil, qui bataillent également en National. Pour les autres grandes villes françaises, le deuxième club purement marseillais, le Consolat, évolue en CFA 2, le deuxième club lyonnais, Lyon-Duchère, en CFA, le Stade Bordelais nage en CFA 2 également, tout comme Toulouse-Fontaines, quand Nantes ou Lille n'en comptent pas à un niveau "détectable". Une véritable incongruité en Europe, voire même dans le monde.
Pourquoi ? Parce, peut-être, les clubs sont apparentés aux villes. A Londres, vous avez Chelsea, Tottenham, West Ham, Arsenal... un peu comme si, à Paris, y avait Montmartre, Bastille... en même temps Londres triche, puisque la ville englobe ce qui est la banlieue à Paris. Il n'empêche, les clubs, à l'étranger, ont souvent un nom à eux : Real Madrid, Juventus de Turin, Boca Juniors... ils s'appellent pas juste Madrid, Turin ou Buenos Aires. D'ailleurs, à l'étranger, Marseille et Lyon s'appellent "Olympique", ils ne précisent même pas le nom de la ville. En France, un club de foot est associée au clocher local, du coup difficile de diviser en deux, on est fan de sa ville, et puis c'est tout. Le FC Barcelone est certes le symbole de la Catalogne, ça n'empêche pas les supportes de l'Espanyol Barcelone d'exister. Ils doivent juste aimer se faire chambrer...
La dernière fois que deux clubs d'une même ville, le PSG et le Matra Racing, ont évolué ensemble au sein de l'élite, c'était en 89/90. Depuis, bien des tentatives ont échoué dans la capitale, enfin surtout autour, avec la fusion Saint-Denis-Saint-Leu, ou l'arrivée de Michel Moulin à Alfortville il y a peu. Depuis, le club est monté en National, mais se traîne à la dernière place, et Moulin s'est tiré. Mais rien dans la capitale, le Paris FC se démenant à Charlety au troisième échelon, devant 655 spectateurs de moyenne, 50 fois moins que pour le PSG. A Marseille, personne ne s'imagine être supporter d'un autre club que de l'OM. De fait, toute la Côte d'Azur est dans le même cas, hormis pour les ultras de Monaco, Nice ou Montpellier, et encore. Istres et Martigues, ses voisins immédiats, ont bien essayé de se faire de la place auprès de leur encombrant voisin, sans résultat.
Au final, nos derbys ne sont pas communaux mais régionaux. Lens-Lille, Bordeaux-Toulouse, Nantes-Rennes... et bien sur le plus chaud d'entre tous, Saint-Étienne-Lyon. Mais évidemment, le Clasico français, c'est PSG-OM, d'où les supporters concernés ressortent rarement indemnes émotionnellement. Soit t'es fou de joie, avec des envies incompressibles de faire des bonds, soit t'es au dernier échelon de la misère morale, avec un besoin fou de tout laisser tomber, à part tes charentaises et ta télécommande. Sauf si y a match nul, bien sûr.
C'est en cela que notre Clasico est comparé à Barça-Real : il ne repose sur aucune logique géographique, mais presque exclusivement politique. La capitale contre la province, ça n'est pas près d'être un concept éculé. Les bobos contre les soit-disant "vrais" gens, non plus. Parce que si ça jouait sur l'amour du jeu et sur le nombre de stars formées localement, il n'y aurait pas photo du côté espagnol des Pyrénées : à ce jeu-là, personne, dans le monde, du moins depuis la fin des grandes années de l'Ajax Amsterdam, n'égale le Barça. Quand le Real alignera un seul enfant de son centre de formation, Casillas, depuis les départs cet été de Raul et Guti, le Barça en alignera 8 au coup d'envoi. Huit ! Sur onze ! Huit joueurs qui sont arrivés pré adolescents, et qui ont tout appris à la Masia. Aujourd'hui, Messi, Xavi ou Iniesta peuvent remporter le Ballon d'Or dans deux mois, et ont appris leur métier au même endroit, Barcelone. En celà, j'ai toujours du mal à comprendre comment on peut soutenir le Real lors d'un Clasico, à part si t'es Madrilène. Et encore, merde !
Côté PSG-OM, ces différences sont moins marquées. Côté jeu, Marseille, hormis sa popularité liée à des images d'Epinal héritées de Pagnol, a une image plus offensive, notamment en raison de leur "Droit au But", mais aussi par les immenses buteurs qui ont évolué sous le maillot blanc (Gunnar Andersson, Skoblar, Papin...). Mais cette année, les deux clubs ont presque la même attaque (25 contre 23 en faveur des Olympiens avec un match en retard), et Paris évolue à plein temps avec 4 joueurs offensifs, dont deux pointes, un cas unique en France, avec Lorient. Et au niveau de la formation, les deux clubs sont loin d'être infaillibles : Marseille n'a pas de centre de formation, même si des joueurs comme Nasri et Ayew sont sortis récemment de son équipe réserve, quand Paris, qui en a un assez performant, ne s'appuie pas assez dessus, et sur les 10 millions d'habitants qui l'entourent. Et ce même si cette année, tout en jouant le haut du tableau, deux joueurs formés au club, Sakho et Chantôme, sont des titulaires indiscutables. Je vous avait d'ailleurs parlé du second, il y a un an et demi, donc ça me fait vraiment plaisir de le voir enfin réussir. Quant au premier, il vient de débuter en Equipe de France, à 20 ans seulement.
Je pense en avoir déjà parlé ici, vu que c'est un truc qui me rend dingue de façon assez récurrente, mais les intellos sont mal vus en France. Je ne parle pas de moi hein, je n'ai jamais été un intello, vu que la seule fois que j'ai été premier de la classe c'était durant un trimestre en CE1. Je m'en rappelle car mes parents étaient très fiers de moi, mais ce fut une joie assez éphémère. Durant le reste de ma scolarité je me suis reposé sur mes lauriers, en faisant le strict minimum.
Je n'étais pas un gars très populaire, notamment parce que je ne m'habillais pas à la mode, je n'écoutais pas les trucs à la mode non plus, et je ne jouais pas avec les autres, qui me terrorisaient. Aujourd'hui j'y arrive, mais au moment de parler à un inconnu j'ai toujours cette petite boule qui se réveille dans mon ventre, que j'arrive à dompter. L'humour a été une véritable arme pour cela, le tabouret qui me permet aujourd'hui de parler au gens et de paraître sympathique sans vraiment avoir à leur parler. C'est ensuite que ça se gâte, quand ils veulent en savoir plus.
Bref, je dévie du sujet... il ne faut pas avoir l'air différent en France. D'une manière générale, il ne faut pas donner l'impression d'être meilleur que les autres, dans n'importe quel domaine, sinon c'est forcément louche, calculé, faux. Par exemple, quelqu'un comme Domenech qui, après son expérience des plus pénibles que l'on sait, semble vouloir revenir aux bases, et entraîner des jeunes, comme il le faisait avant de devenir l'incarnation du Malin pour 80 % des gens. Sauf que ses ennemis n'y croient pas ! J'ai même entendu l'inénarrable Dominique Grimaud, qui ose encore s'appeler journaliste alors qu'il bosse pour OMTV, dire que Ray avait choisi les poussins de Boulogne parce qu'ils étaient les meilleurs de leur championnat, d'où l'assurance de se refaire au niveau des résultats ! Pathétique.
Quoiqu'il fasse, c'est calculé, c'est de la communication. Il va pointer au Pôle Emploi, ce que son statut de chômeur lui oblige, c'est une honte. Qu'il réclame des dommages et intérêts élevés après un licenciement pour faute grave qui se repose sur un dossier vide, c'est la dernière des merdes. Il fait de la pub - gratuitement - pour un site de poker, c'est encore une ordure. En fait les gens regrettent juste qu'on ne l'ai pas émasculé avec un coton-tige et jeté aux crocodiles après la Coupe du Monde. S'il éternue, on l'accusera d'utiliser immodérément des kleenex des Français.
Au départ je ne voulais pas parler de Domenech, mais je suis lancé, désolé. J'entends tellement d'âneries sur lui que je bouillonne, j'en peux plus, ce qui se passe est ignoble. On dit que le bilan de Blanc est meilleur, et qu'il ne fait qu'utiliser les joueurs que Domenech ne prenait pas. C'est faut, bien sûr, vu que seul Rami, dans l'équipe type d'aujourd'hui, est une vraie trouvaille de Blanc. Tous les autres avaient déjà appelés par Domenech, et lancés surtout ! Quant à Nasri et Benzema, qui renaissent sous Blanc, leur absence à la Coupe du Monde sous le mandat Domenech avait été saluée par la presse parce qu'ils manquaient de respect aux anciens... quant au bilan, la moyenne de points pris par Blanc sur ses 6 matches est la même que Domenech sur ses 6 ans. J'attends donc de voir pour confirmer l'embellie quand il disputera une grande compétition, ce que Domenech a réussi à faire 3 fois sur 3.
Bref donc effectivement je ne voulais pas parler de ça expressément, même si ça participe au débat. Bah oui, finalement on voit bien que le seul problème de Raymond a été de se mettre la presse à dos, et en particulier la presse sportive, peu connue pour sa modération et son recul. Et cette dernière le lui a donc fait payer dans les grandes largeurs, et ce n'est pas fini. On lui reproche aussi son image de gauchiste, d'intello qui fait du théâtre et qui ne fait pas de la lèche aux journalistes. Aujourd'hui quand on entend Blanc on est rassuré, toute la langue de bois footballistique ordinaire est revenue. Les "je crois que bon..." et autres "à nous de..." ont de longues années devant eux.
Bref... en fait je pensais surtout aux émissions de Ruquier, et en particulier celle à la radio, où il est plus lui-même qu'à la télé, où il se permet de vanner les artistes qu'il a reçu la veille dans son émission du samedi. Jamais avant hein, après, histoire qu'ils ne se décommandent pas. Par exemple si on veut savoir s'il a aimé un film, il faut l'écouter après qu'il ai reçu l'acteur principal ou le réalisateur à la télé, jamais avant.
Bref dans son émission quotidienne sur Europe 1, parmi ses chroniqueurs il a souvent Miller ou Bonaldi, et ces deux derniers en prennent plein la gueule, souvent de façon très violente. Le pire, c'est Jérémy Michalak, une petite merde qui fout un coup de tatane dans le cadavre après que le patron ait fait le boulot. Je l'ai vu une fois à la radio, c'est le chauffeur de salle en fait, celui qui fait applaudir les gens. Bref, si à Ruquier, Michalak ou même Titeuf, que j'apprécie pourtant pour ses grandes qualités de sniper, on a le malheur de parler d'un artiste un peu underground, pas très connu mais reconnu artistiquement, ça part en vrille. Pour eux, si c'est pas connu, c'est de la merde. Normal, pour un mec comme Ruquier, qui est aujourd'hui très suivi, comme pour Arthur qui, lui aussi, a été quelqu'un de subversif à une époque avant de devenir terriblement consensuel, le choix du public vaut toutes les critiques. Si ça marche, c'est génial, sinon... ça ne mérite même pas qu'on en discute. Dès qu'on parle à Michalak d'un mec que lui ne connaît pas, il sort "c'est son cousin cherchez pas". Sauf que si on enlève l'Île de la tentation, la culture de Michalak tiendrait sans peine sur un timbre poste, donc ça concerne quand même beaucoup de choses.
Voilà, j'ai pas réussi à dormir ce matin alors ça m'énerve, d'où cette humeur délicate. Ça ira mieux quand j'aurais dormi.
J'ai mis mon réveil un quart d'heure plus tôt, histoire d'avoir tout le temps pour savourer mon bol de Chocapics à mon retour. La veille au soir, j'ai fouillé dans mon linge pour me trouver un short, vu que j'ai oublié mes affaires dimanche à Sport24. Si je ne les y retrouve pas, ça fera un vieux t shirt, un bermuda et un stick de déodorant de perdu, c'est pas grave.
Je me pèse, comme tous les jours. J'ai pris 300 grammes, mais hier j'ai fais une grasse mat jusqu'à 11 heures, donc en fait je pense que j'ai perdu puisque je me pèse trois heures plus tôt qu'hier. En tous cas les "méfaits" - mais quel bonheur ! - de la raclette dégustée vendredi se sont plus vite estompés que prévu.
A 8 heures, je pars. Le froid était prévisible, aussi j'ai mis ma veste à capuche, remonté celle-ci, j'ai mis un bonnet et des gants. Pour le parcours, après voir pas mal exploré les alentours de mon immeuble dans les premiers temps, je me suis pas mal fixé sur la grande allée proche de chez moi, qu'on appelle entre nous, mon Amour et moi, l'Allée Verte. Non, on ne s'est pas cassé sur le nom, vu que c'est une longue allée recouverte de pelouse qui part du château, passe pas loin de chez nous puis se fini sur la forêt de Saint-Germain, et accessoirement un terrain d'entraînement pour les chevaux.
C'est parti. J'en suis désormais à des fractionnés de quatre minutes, j'en fais quatre, avec des séances de marche d'une minute entre chaque. La prochaine fois, vendredi sans doute, je ferai 4x5. Je ne bosserai pas, donc je pense que j'irai courir plus tard, vu qu'aujourd'hui je bosse à 10 heures.
Dommage en même temps, je raterai les derniers vestiges de la nuit que je vois s'effilocher. Le soleil n'est pas haut mais il a rendu bleu foncé le ciel, où trône une lune pleine et lumineuse. Entre les arbres, les lampadaires sont encore allumés, mais concentré que je suis dans ma course et mes pensées, je ne les verrai pas s'éteindre. D'ailleurs, ce n'est qu'à la fin que je me rendrais compte que le jour s'est vraiment installé pendant que je courrais.
Le Parc de Maisons-Laffitte est splendide, notamment en automne, avec des couleurs fauves incroyables. Dommage que durant les années 70 la mode s'est immiscée en architecture, et a fait caca un peu partout dans ce parc. La mode j'aime pas, notamment parce que c'est superficiel, éphémère et élitiste. Mais au moins, c'est jetable, c'est même sa fonction principale, son essence, du moins pour les sapes. Quand vous portez un vêtement ridicule parce qu'il est à la mode durant deux semaines, vous n'êtes pas obligés de le porter. Alors que construire un immeuble en suivant la mode, c'est créer un coupe mulet ou un bandana qui condamnent à être portés pendant des décennies par les gens qui passeront devant et devront subir ces horreurs. Je sais pas si vous voyez ce que je veux dire... dans ma tête c'était plus clair que ça.
D'habitude je croise quelques joggers, là ce sont surtout des gens qui partent travailler ou étudier, et qui portent sur leur visage toute la détresse du condamné qui sait déjà qu'il ne passera pas le cut de la guillotine. Ah elle est belle la France qui se lève tôt, elle porte beau tient. Pas un ne croise mon regard, il faudrait pour cela que ce dernier se situe au niveau de leurs mocassins hors de prix, et j'ai autre chose à faire.
Les deux premières quatre minutes se passent bien. Bien emmitouflé je n'ai pas froid, et je ne ressens pas de douleur, sauf dans le talon où je crois qu'est en train d'apparaître ma première ampoule. Enfin je veux dire j'en ai déjà eu des ampoules, c'est juste que d'habitude c'est à cause de chaussures neuves. Là je crois que y a un pli dans l'intérieur de ma basket, qui frotte. J'ai pas réussi à le déplier, bon on verra bien, je ne cours pas un marathon non plus.
A la fin de la troisième "séance", mes mollets commencent à protester. Je fini finalement la quatrième mieux que la première fois que j'ai fais des "quatre minutes", vendredi dernier. Faut dire que j'ai aussi couru dimanche avec Z., donc je commence à avoir un petit rythme. Et en plus, j'ai bien calculé mon coup vu que j'arrive presque pile devant chez moi, si c'est pas génial !
Je passe par le garage pour faire mes étirements tranquille. Comme d'hab, ils semblent m'électriser, comme si je regagnais de l'énergie durant ces quelques secondes où on a plus l'air de Shadocks qu'autre chose. Puis je rentre savourer une douche, puis mes Chocapics. Ces céréales, ce lait parfumé au chocolat, c'est ce à quoi je pense au moment de me coucher, mon phare dans la nuit. Non, je ne serais jamais guéri, faut qu'on s'y fasse.
Une grosse demi-heure plus tard, je pars travailler. En chemin, sur l'Allée Verte, je croise des joggers qui, peut-être, se disent en me voyant que j'aurais bien besoin de faire du sport, et que c'est quand même lamentable ces gens qui ne se respectent pas. Si la décence l'autorisait, je porterait bien un t shirt disant "pendant que tu donnais son pain quotidien à ton gogue ce matin, moi je courrais". Et j'ajouterais que je ne regrette pas le moment où je mangeais comme je voulais, parce que, finalement, c'est de cette manière là que j'ai été jeune. D'autres se droguent, boivent, forniquent, ou un peu de tout, moi je régalais ma panse. L'important, c'est d'essayer de réparer ces inévitables fautes de jeunesse avant qu'il ne soit trop tard. Je ne sais pas si c'est mon cas, mais réagir à 35 ans c'est peut-être mieux qu'à 50, qui sais.
Hier, la France disputait donc son "Classico", dans le nouveau Wembley, contre une Angleterre qui reste une des dernières équipes à ne plus nous avoir battu depuis un moment (97), avec l'Allemagne (86) notamment. Un des privilèges dû à l'énorme génération qu'on a eu (1996-2006) qui nous a permis de battre à peu près tout le monde. Mais depuis on a notamment perdu contre l'Italie (2008), 30 ans après sa dernière victoire, l'Argentine l'an dernier (dernier succès : 1978), l'Autriche, également en 2008, qui nous avait vaincus en 1970, ou la Norvège cet été, contre qui on restait sur 42 ans d'invincibilité, tandis que le Mexique, la Chine ou l'Afrique du Sud nous ont battu pour la première fois cette année. Et je parle pas du Belarus, qu'on affrontait pour la première fois... En clair, on repart vraiment de zéro.
Donc comme vous le savez on a gagné hier, et les commentaires sont d'abord assez semblables les uns des autres, à l'image de Christian Jeanpierre qui, entre deux bouffées de pétard, ne fait rien d'autre que de réciter ce qu'il a lu dans l'Equipe du jour, mais sont surtout dichotomiques : d'un côté, on s'extasie devant cette nouvelle Équipe de France qui semble repartie pour battre tout le monde grâce à Saint-Laurent Blanc et son équipe de jeunes joueurs tellement rafraîchissants ; et de l'autre, on relativise en disant que c'était sans doute la plus faible équipe d'Angleterre ayant jamais affronté la France, du moins depuis qu'elle n'envoie plus son équipe amateur nous écraser 15-0 comme c'était la cas avant la première guerre mondiale.
Et c'est vrai que ces deux arguments sont recevables. Pas la peine d'insister sur les Bleus, qui sont toujours en reconstruction vu que des cadres comme Toulalan et surtout Ribéry ne sont pas revenus, et qui ont toujours des trucs à régler en charnière centrale - on décide pas qu'une charnière est bonne d'un coup comme ça, Blanc-Desailly, pour évoquer la meilleure de toutes, à mis 3 bonnes années pour s'imposer, donc ce serait un miracle si Rami-Mexes nous permettait de gagner une grande compétition dans les quatre ans - , insistons plutôt sur les Anglais.
Ils ont le meilleur championnat, et ce même s'il faut beaucoup de courage pour se coltiner un Blackpool-Stoke City, autant que pour un Nancy-Caen, sachant que les joueurs des deux matches seront à peu près autant connus du grand public. Vous connaissez Charlie Adams, Marlon Harewood ou Kenwyne Jones vous ? Moi pas vraiment plus, et ce sont les stars de ces équipes.
Du coup, les meilleurs équipes de ce championnat devraient abreuver l'équipe nationale de joueurs majeurs. Et elles le font en partie d'ailleurs, avec Terry, Cole et Lampard (Chelsea), Ferdinand et Rooney (Manchester United), Johnson et Gerrard (Liverpool), sachant qu'Arsenal, hormis quelques jeunes qui ont montré leurs limites hier, à l'image de Gibbs, s'appuie sur une équipe type quasi exclusivement étrangère. Mais ça reste très insuffisant, et le reste des joueurs les plus sollicités cette année jouent à City depuis cet été (Hart, Barry, Milner) ou Tottenham (Crouch, Defoe). Soit de bonnes équipes, certes, mais qui ne font pas encore partie des candidats crédibles au titre de champion d'Angleterre.
Quand, en plus des Madrilènes (Benzema), Londoniens (Sagna, Nasri, Malouda...), Romains (Mexes) ou Catalans (Abidal), la Ligue 1 fournit à sa sélection 50 % de ses joueurs, comme Lyon (Lloris, Réveillère, Gourcuff...), Marseille (Mandanda, Valbuena, Rémy...), le PSG (Sakho, Hoarau), et même Lille (Rami, Cabaye) et Saint-Etienne (Payet), pour ne prendre que ceux appelés par Blanc récemment, certains joueurs anglais, hier, n'étaient pas titulaires dans leurs clubs, comme Gibbs (Arsenal), jouaient à Sunderland (Henderson, 20 ans) voire évoluaient à l'étage inférieur (Bothroyd, à Cardiff) ! C'est dire si, derrière les têtes de gondole Lampard, Ferdinand, Gerrard ou Rooney, le réservoir anglais est très limité, ou trop inexpérimenté. C'est la limite d'une Premier League ou les meilleurs clubs s'appuient à 80 % sur des joueurs étrangers. Ils sont, en comptant large, trois à être titulaires à Chelsea, deux à Arsenal, quatre à United et quatre à Liverpool, sachant qu'aucun joueur anglais n'aurait l'idée idiote d'aller gagner moins hors du Royaume-Uni. Ça donne de quoi faire une excellente équipe type, qui se balade dans ses groupes de qualification depuis plus de deux ans. Mais pas pour faire un groupe capable de résister à une série de blessures comme en ce moment. Nous, on l'a, et d'ici à ce qu'on fasse appel au meilleur buteur de Ligue 2, qui est de toutes façons Ivoirien, on a de la marge.
Hier, je suis allé voir un médecin du sport, toujours à la Pitié Salpêtrière. C'est la nutritionniste que j'ai vue la dernière fois qui m'a conseillé d'aller le voir, et j'y suis allé à reculons, sachant que j'avais déjà décidé ce que je voulais faire comme activités sportives : de la marche et de la course à pied. Pas de piscine, pas de vélo, pas de licence à signer, juste une paire de basket, la forêt de St-Germain et voilà, c'est tranquille. Mais bon, l'avis d'un médecin du sport ça ne pouvait pas me faire de mal, surtout si il est remboursé par la sécu.
Le mec, évidemment jeune et svelte, m'accueille avec sa tronche d'acteur dans Grey's Anatomy. Mesdames, si vous avez envie un jour de vous changer les idées en passant une heure en tête à tête avec le mec de vos rêves - pas celui qui pollue votre chambre avec ses chaussettes sales tous les matins, un autre - , prenez rendez-vous avec lui, il consulte le mardi. En plus il aime les gosses, il a bossé pendant des années au ministère de la jeunesse et des sports, il s'occupait de l'obésité chez les jeunes. Ah, et il a un podomètre dans sa poche.
Il me pose quelques questions, je lui raconte ce que je fais en ce moment - une séance de marche et deux de courses fractionnées et progressives - et il en tire finalement une conclusion : faut que je fasse plus d'endurance, notamment en marchant plus, si possible avec un podomètre, en notant chaque jour le nombre de pas. Ok ça peut être marrant, même si je ne suis pas sûr de l'intérêt de l'opération.
J'ai eu le malheur de lui dire que je cherche une activité "ludique" (en fait je m'en fous, c'était juste pour dire genre je suis pas venu le voir pour rien quoi), et que je pencherais logiquement pour du foot. Il me le déconseille : si je me blesse, et c'est fréquent au foot, je ne pourrais plus faire de sport pendant un certain temps. De toutes façons je ne me voyais pas payer une licence vétéran à 35 ans, en plus du matos habituel (chaussures à crampons, protèges tibias...) pour effectivement me faire pulvériser un genou sur un terrain gelé par un quinqua aigri. J'ai déjà vu des entraînements vétérans, ceux de mon père, c'est loin d'être poétique. Ou alors du Villon.
Finalement, il me trouve deux trucs que je devrais essayer. Tenez vous bien : il voudrais que je fasse du Badminton et de l'aqua-bike. Je vous rassure, je cherche toujours ma mâchoire de dessous ma tronche. Et pourquoi pas de l'escrime ou de la boxe thaï ? Je cherche juste de quoi perdre du poids et me renforcer musculairement, pas de postuler aux JOs de 2012... en plus du Badminton, c'est peut-être un a priori mais ça me paraît très cher. Et puis c'est très physique. Il me dit que même le geste de ramasser le volant par terre est intéressant. Sûr que je vais faire que ça, ramasser mon volant par terre, juste après mon service par exemple.
Quant à l'aqua-bike, qui ressemble beaucoup à ces activités de bobos qui perdureront aussi longtemps que la mode des croisières en Croatie ou du bio, ce "sport" réunit tout ce que je déteste : la piscine et le cyclisme. D'accord, peu de chance de me faire renverser par un chauffard, mais ça reste un sport en moule-bite et bonnet de bain. Et ça, c'est pas possible, je suis plus en 5e.
Il m'a par ailleurs offert une troisième voie : le taekwondo. Il me dit que c'est un art martial (ça je le savais, merci) mais où on ne combat pas avant de savoir vraiment le faire. Sous-entendu : aucun risque de blessure. Oui, mais non. Vraiment pas.
Bref donc je suis assez circonspect. Il m'a donné rendez-vous dans 3 mois, pour voir ce qu'auront donné ces essais, mais je suis très tenté de laisser le McDreamy du 13e arrondissement en plan sur ce coup là. Je vais certes accentuer le côté endurance de mon programme (comment ça fait pompeux tout ça...) en marchant beaucoup plus, mais je vais continuer de courir comme j'avais prévu de le faire. Et puis, si la motivation surgit... on verra.
Il y a 10 ans et quelques mois, débutant sur le net, je discutais sur un "chat" comme on en fait plus aujourd'hui. On était une dizaine, souvent plus à l'heure de pointe, et ça papotait à tout va, de tout et de rien, souvent de rien d'ailleurs. Mais ça nous occupait durant quelques heures, on était content de se retrouver, tous les lundis soirs. C'était un rendez-vous.
Un soir, une des résidentes régulières de ce chat nous annonçait que son futur bébé serait un garçon, et nous demanda de deviner son prénom. On a mis un bon moment pour le trouver, pas parce qu'il était rare, au contraire, il n'était juste pas commun pour sa génération. C'est cependant un des prénoms historiques en France, comme ailleurs. A l'époque, ne connaissant pas encore très bien la future maman, qui est aujourd'hui une de mes toutes meilleures amies, ce n'était qu'un prénom, à une époque où je n'étais pas encore entouré de bébés dans tous les sens. Aujourd'hui, j'ai du mal à trouver des gens de mon âge sans enfant.
Ce bébé est né, un petit garçon doté de joues généreuses et toujours curieux de tout. Quelques années plus tard, en compagnie de mon groupe d'amis, il se baladait sur mes épaules dans les rues de Londres. Puis il a grandi, ses parents ont divorcé, il a eu une petite soeur puis un petit frère, qui fêtera ses un an le mois prochain, et qui me fait l'honneur d'être mon filleul. L'an passé, j'ai offert à son grand frère "Bilbo le Hobbit", qu'il a dévoré. Gamin de sa génération, il joue beaucoup à sa Nintendo DS. Il dessine des BDs et se raconte des histoires quand il est tout seul, comme moi quand j'étais gosse. Comme sa maman il est timide, voire réservé au premier abord, mais se montre vite joyeux et joueur.
Hier, il a fêté ses 10 ans, une décennie, déjà. C'est beaucoup plus qu'un prénom pour moi depuis un moment, c'est le premier des six enfants qui ont agrandi notre "Tribe", c'est le grand frère, un gamin vraiment attachant et qui va bientôt faire connaissance avec les heures troublées de l'adolescence. Il incarne surtout une période de ma vie où je me suis fait les meilleurs amis de ma vie, et beaucoup plus même. Où en serais-je dans 10 ans, quand il fêtera sa double décennie et qu'il sera adulte ? Je préfère pas savoir :p
Vous pensez à quoi, vous, quand vous marchez seuls, dans la rue ? Bonne question, en tous cas de mon point de vue, puisque je me la pose. De nos problèmes quotidiens, des prochains trucs à faire, un rendez-vous chez le médecin, une facture à payer... toutes ces joyeusetés que la société nous fait subir indéfiniment tout au long de notre vie. Au point de gâcher nos rares moments avec nous mêmes. Il paraît que c'est normal, même si je me demande à quel moment et où j'ai signé un quelconque papier pour ça.
Le cerveau ne cessant jamais de fonctionner, même ceux de Castaldi ou de Frédéric Lefèbvre (à vérifier quand même), et quand il ne veut pas trop penser à la routine, ben parfois il s'invente des histoires. J'en ai déjà parlé ici, de ces histoires que je me raconte quotidiennement, dès que je suis seul, et surtout depuis que je n'ai plus la bouffe pour faire le job. Y a celle, notamment, que je m'écris mentalement, et (trop) occasionnellement ici, sur cet ordinateur, et qui me sers souvent de compagnon de marche. Je la prends à un endroit et hop, je la revis comme si je me matais un chapitre de DVD, sauf qu'à chaque fois c'est jamais la même chose. Enfin ça ressemble souvent à la fois d'avant, mais ça dévie souvent, je ne sais pas si ça s'améliore, mais ça s'enrichit en tous cas. Et parfois, ça dévie suffisamment pour que la fin, encore floue mais quand même déjà assez définie, en soit affectée, modifiée, un peu comme la ligne du temps dans "Retour vers le Futur".
Cette histoire existe par morceaux, un peu comme la croute terrestre : ce sont des plaques parfois dissemblables, qui s'entrechoquent car elles manquent encore de cohérence à certains endroits. Certains morceaux n'existent que parce qu'ils (me) racontent me plait, mais sont contredits par d'autres. Des personnages ne pourraient pas exister dans d'autres. Mais ils me plaisent, et si un jour je veux bien me décider à écrire cette histoire, je devrais trouver le moyen de raccommoder tout ça ensemble. En même temps je sais que je devrais enlever des choses, qu'il faudra en sacrifier pour que l'histoire se tienne.
Ce sont des morceaux, mais c'est aussi une terre enfouie sous les sables, que le vent déblayerait. Je n'en vois donc qu'une partie, les meilleures a priori. C'est là que je touche mes limites d'éventuel écrivain : je ne parviens pas à écrire, à affronter les moments creux, indispensables à la cohérence d'une histoire. J'ai l'essentiel des moments importants de l'histoire dans la tête, mais pour les lier il faut en créer d'autres moins... intenses, mais tout aussi importants, au final. J'ai déjà écris - et fini ! - une histoire, mais en plus du nombre trop important de digressions qu'elle comporte, ce n'est qu'une succession de moments critiques, et sans pause entre eux. Du Beethoven ou du Wagner avec que des instants puissants, c'est de la techno, il faut aussi de l'harmonie pour en faire des génies.
J'ai commencé à taper ce post en me disant que j'allais raconter ce que mon histoire m'avait conté cette fois ci, parce que ça révèle souvent mes angoisses, mes envies, mes amusements. A travers ces personnages, et là je ne diffère d'aucun écrivain, même le plus mauvais qui soit - sans doute moi à l'heure actuelle - , je parle de moi, bien entendu. De ce que je vis, comment je ressens ce monde, les gens, mes amis, tout, je le retranscris dans mes histoires, en les enjolivant ou en les dramatisant. En les mettant en scène. Au final, ce sera pour une autre fois, peut-être.
Comme vous le savez, je suis un lecteur assidu de l'Equipe, quotidien sportif quasi exclusif en France. Je suis évidemment de ceux qui voudrait d'autres offres, à l'image des grands pays de sports que sont l'Espagne ou l'Italie, notamment, mais les tentatives depuis 20 ans sont tellement navrantes que finalement, je me demande si c'est vraiment souhaitable. La crise de la presse écrite et les méfaits des obligations économiques font qu'aujourd'hui il est impossible d'imaginer créer un nouveau journal sans céder d'entrée aux facilités que sont le populisme, le sensationnalisme et autres mots en isme particulièrement efficaces pour vendre du papier. Sauf qu'en fait ça ne marche pas non plus, donc peut-être que la prochaine fois ils devraient essayer de privilégier le fond avant la forme, comme ne pas mettre un Zidane en une alors qu'il a aucune actu, juste pour faire vendre le numéro 1.
Donc l'Equipe est tout seul, alors il en profite, normal. J'ai déjà parlé ici de sa manie de vouloir chercher la petite bête là où y en a pas, parce que lui aussi a des problèmes de ventes. Ce qui me fascine, et je ne suis d'ailleurs pas sûr que ça lui soit exclusif, c'est comment ce journal reporte ses interviews, ses déclas. Il y a les interviews classiques, où il a une marge limitée pour influencer le lecteur puisqu'il est censé retranscrire intégralement l'entretien entre le journaliste et son interlocuteur. Et puis y a les déclas incluses dans des articles, et là c'est la fête.
Imaginez un entraîneur qui affirme un truc. Genre par exemple, il dit : "j'ai de bonnes relations avec mon groupe, qui travaille bien". Une phrase bâteau, qui ressemble furieusement à de la langue de bois. Pour les journalistes, faire de la langue de bois c'est ne pas leur raconter les embrouilles existant dans un groupe, alors que eux, si on leur demandait de raconter les leurs, d'embrouilles, et elles sont aussi présentes, sinon plus, dans une rédaction que dans un groupe professionnel, ils refuseraient. Bref, toujours est-il que ce qu'il dit est peut-être gnagnan, mais c'est peut-être aussi vrai ! Quoi, ça n'existe pas un groupe qui s'entend bien ? Bref, peu importe.
C'est là qu'on voit les a priori d'un journaliste ressortir au grand jour, même si on s'en aperçoit rarement, parce qu'on n'y fait pas attention, on lit et puis voilà. Mais, après qu'il ait reporté la phrase de l'entraîneur dans son article, il a le choix : il peut mettre "analyse-t-il" (là il est à la bonne, Blanc y a droit une décla sur deux), "affirme-t-il", "soutient-il" (déjà on sent un doute), ou carrément... "prétend-il". Et là, ça change tout, comme dirait l'autre. "J'ai de bonnes relations avec mon groupe, qui travaille bien", prétend-il, le journaliste, et avec lui ses lecteurs, qui, pris dans leur lecture, ont autre chose à faire qu'analyser en profondeur son papier, moi le premier, se mettent définitivement dans le camp de ceux qui ne croient pas ce que raconte cet entraîneur. Alors qu'il aurait mis "analyse-t-il", et là on sent une volonté quasi nulle de chercher des noises à son interviewé. Et là, on est loin de la transmission pure, déontologique et objective de l'information. Il y a là un traitement, une déformation, un distorsion de la réalité, une affirmation carrément pas neutre de la part du journaliste, tout en faisant tout pour faire croire le contraire.
C'est pas grand chose, mais ça change tout. Si Domenech avait eu ne serait-ce que, allez, 10 % des journalistes dans sa poche, il s'en serait sorti. Mais il n'a jamais voulu leur faire de cadeaux, et ils lui ont fait payer cher cette rébellion, à coup de "prétend-il" notamment, le faisant passer pour un incompétent total. Aujourd'hui, il y a des gens qui trouvent que ça va mieux avec Blanc parce que les Bleus sont en tête de leur groupe de qualification. rappelons que Domenech a TOUJOURS qualifié l'Équipe de France, trois fois sur trois, en ne perdant jamais à domicile face à des équipes comme la Biélorussie...
De même, on accorde à Blanc des circonstances atténuantes, comme le fait qu'il doive reconstruire, ce qui était déjà la tâche de Domenech en 2004, puis en 2006, après les deux départs de Zidane. Sauf que dès que c'est allé mal, en 2005, on a réclamé le retour des anciens. Et depuis 2006, jamais on a évoqué le fait que Ray ait eu à reconstruire un groupe avec des joueurs plus jeunes. Mais ne comptons pas trop sur la presse pour rétablir la vérité. J'espère que Ray va faire cracher la Fédé bien comme il faut, puisqu'il ne peut rien faire contre les journalistes.
Bon a y est, les coûteuses (50 euros, tout est relatif) baskets que je me suis offertes vont enfin servir à autre chose qu'encombrer une partie de mes 14 m². Ça fait genre deux semaines qu'elles trainent là, près de mon bureau - en même temps, rien n'est très loin d'autre chose dans mon appart - à ne rien faire d'autre que me narguer, du genre "on sait qu'on a servi ta bonne conscience, mais ça va finir par se voir qu'on n'a été achetées que pour ça". Moi je savais que je ne les avais pas achetées pour rien, mais allez convaincre une paire de tatanes... plus têtues qu'un journaliste de l'Equipe contre Domenech.
Après le brunch que je me suis tapé à midi entre amis, en ce jour de la Toussaint, j'en peux plus : je ne perds plus, et je n'ai absolument pas couru depuis qu'on m'en a donné la consigne durant l'hôpital de jour, le 6 septembre dernier. Je n'ai fait que marcher, ce qui était un début mais à partir du moment où j'ai eu la confirmation que je n'avais rien au cœur, j'aurais dû m'y mettre. Plus facile à dire - et encore plus à écrire - qu'à faire. Là, je vais devoir courir, cette fois je suis motivé, à fond, je vais devoir faire la peau au fromage et à la confiture, sans parler du bacon et des oeufs brouillés, que je me suis enfilés pour fêter les morts.
De retour de Boulogne, hop je me change : je garde mon t shirt, je vire mon jean pour enfiler un bermuda long - un pantacourt, quoi - , et hop j'enfile mes baskets, qui s'apprêtaient à passer une nouvelle soirée tranquille à regarder le Grand Journal du bas de mon bureau. Non non les filles, cette fois va falloir bosser, et j'aime autant vous prévenir que c'est pas un Kenyan de 40 kilos que vous allez devoir porter. Plutôt trois, en fait.
Et je me barre. Mon pote Z., accessoirement mon coach à distance - mais on va courir ensemble jeudi - m'a déjà donné quelques conseils de bases, comme de fractionner ma course : 2 minute de course, une de marche, et ainsi de suite. Je me donne 20 minutes pour rentrer. Le parc de Maisons-Laffitte, et surtout la nuit tombée, m'offrent un décor idéal, à la fois vert et discret. Parce que des joggers dans mon genre, les renards du coin n'ont pas du en croiser souvent. C'est vrai quoi, des joggers débutants on en croise rarement, on a toujours l'impression, en les regardant fendre l'air de leurs abdomens rachitiques, qu'ils ont fait ça toute leur vie.
C'est parti, je commence à courir. En fait, j'aurais du marcher un peu avant, me dira plus tard Z., histoire que mon cœur ne s'emballe pas de suite comme il l'a fait, et que l'air ne me brûle pas les poumons dès la deuxième phase de course. Mais mes baskets, finalement ravies d'être enfin sorties de leur retraite anticipée - quand elles pensent qu'elles auraient pu tomber sur un grand black au short lâche et aux abdos huilés... - sont géniales : j'ai l'impression assez irréelle d'être monté sur ressort dès les premières foulées. Mais ça ne dure pas, le corps s'habitue à tout, mais c'est assez rafraîchissant.
Le parc est parsemé de rues circulaires, parfait pour revenir à son point de départ. J'en suis donc une, ne croisant quasiment personne à part un jogger et une grand-mère en retard pour les Chiffres et les Lettres. Je suis finalement étonné d'arriver aussi vite sur la grande avenue près de laquelle j'habite, pourtant je n'ai pas carburé, j'en suis persuadé. Du coup je continue 10 minutes de plus. Ça fera 18 au total.
La minute de marche semble aussi courte que les deux de courses semblent interminables. Peut-être parce que je n'arrête pas de regarder le temps sur mon portable. Je ne pense à pas grand chose, juste à mes jambes. Pas de musique, je surveille juste mon coeur, mes pieds - histoire de ne pas me péter une cheville dans un trou.
Une fois entré, comme je ne supporte pas d'être en sueur, je file sous ma douche. Z., par texto, m'informe que j'aurais du m'étirer après, mais comme je ne connaissais pas les exercices... ce sera pour la prochaine fois.
Comme toujours après avoir fait du sport - c'est trop rare, malheureusement - j'ai à la fois l'impression d'avoir 15 et 60 ans : je me sens en forme, et complètement vidé. Mais satisfait, ce qui est l'essentiel, même si c'est un sentiment toujours dangereux, si je veux que mes baskets aient une deuxième chance.
Petit (rêvons un peu) post foot aujourd'hui, alors que la dixième journée de Ligue 1 vient d'être jouée. On a donc dépassé (déjà !) le quart du championnat, et l'avantage de la 10e journée, mais ça dure rarement plus d'une semaine, c'est que les stats sont plus rondes que d'habitude, si vous voyez ce que je veux dire. Par exemple, la moyenne de buts, toujours aussi faible, est facile à calculer : 223 buts en 100 matches, do the math. Ok je le fais pour vous, au cas ou vous auriez des lacunes en coulissage de virgules : 2,23 buts par matches, pile. L'an dernier, on avait quand même fini à 2,41.
Cette saison est originale par plusieurs aspects. D'abord, le rapport entre les victoires à domicile (37) et à l'extérieur (31) est très faible. L'an passé, et comme quasiment à chaque fois, on frôlait les 50 % de succès à domicile (47 %), mais déjà les succès à l'extérieur étaient en progression puisqu'ils flirtaient avec les 30 %, contre 20 d'habitude, tandis que les nuls, habituellement à 30, étaient à 25. Effectivement cette année, la meilleure équipe à domicile, Sochaux, totalise seulement 13 points (en six matches), et seulement 2 équipes, Saint-Étienne et Brest, sont invaincues à domicile, soit autant qui n'ont pas encore gagné chez elles, Auxerre et Arles-Avignon. A l'extérieur, le meilleur total est pour Brest (12 points), une équipe n'a pas encore perdu hors de ses bases (Rennes) alors que quatre sont toujours à la recherche de leur premier succès à l'extérieur, Monaco, Lorient, Arles-Avignon et Sochaux, qui a perdu ses 4 rencontres loin de Bonal.
Les buts sont également équilibrés : 117 à domicile, 106 à l'extérieur. Jamais je n'avais vu un rapport aussi équilibré. La cause : le jeu de contre, élevé au rang de format obligatoire pour les systèmes de jeu en Ligue 1. Hormis Marseille et Saint-Étienne, les équipes qui cherchent à jouer (Paris, Lille, Bordeaux, Lorient, Monaco, Lens...) sont toutes plus ou moins en difficulté. Un classique en Ligue 1, mais particulièrement exacerbé cette année.
Autre particularité : les joueurs brésiliens, habituellement les plus habiles en Ligue 1 depuis que je regarde cette stat, sont à la ramasse. Ils n'ont marqué que 8 buts en 10 journées, dont 6 pour le seul Nene (PSG), contre 74 en 38 journées l'an passé, et le chiffre était déjà en baisse. Ils ont ainsi autant marqué que les Argentins, par exemple, ce qui n'arrive jamais. Côté continents en revanche, aucun changement : les Africains, de plus en plus renforcés par les Français d'origine africaine qui choisissent le pays de leurs parents, sont largement en tête, avec 66 buts, contre 20 aux sud-Américains et 17 aux Européens, toujours à la traîne. Aucun but européen ce week-end par exemple, contre quatre pour les sud-américains, qui les ont dépassé après un début d'exercice compliqué. N'empêche, les Brésiliens se font rares, et marquent moins.
Autre spécificité : si les moins de 21 ans marquent toujours (près de 7 %, plus de 8 l'an passé), ceux de plus de 31 tirent la langue : 5 buts, dont 2 pour Batlles, soit 2,29 %, contre presque 6 l'an passé. De leurs côtés, les internationaux français, grâce notamment à l'apport de Payet, (8 buts) ont doublé leur score : 16 %, contre 8 et quelques l'an dernier.
Sinon, quoi d'autre... les scores de 1-0 sont nettement en baisse, et ont profité de leurs trois unités de ce week-end pour enfin prendre la tête, avec un petit 17 %, juste devant les 2-1 (16). L'an dernier, ils dépassaient les 22 %, et d'habitude ils oscillent entre 20 et 25 %. Conséquence : une hausse notoire des 0-0 (15 % contre 9 l'année dernière), troisième score le plus fréquent (sixième en 2009-10).
Enfin, à noter la performance de Rennes, qui a été mené pour la première fois ce week-end, pour sa première défaite, et de Monaco, relégable après avoir été mené cette saison durant... 80 minutes ! Soit le deuxième meilleur total, derrière les Bretons (47). Mais l'ASM n'a mené que durant 150 minutes, ce qui lui donne quand même un bilan positif ! A la balance minutes en tête/minutes contre, Marseille mène (276) devant Rennes (203), Saint-Etienne (164) et Paris (111), qui a vu son chiffre fondre contre Auxerre (-77 en menant durant 2 minutes...), quand Arles-Avignon est à - 406, en ayant mené 17 minutes, dont 11 ce week-end contre Lyon.
Voilà, sur ce je vous laisse, à dans 10 journées :p
Hier soir, petite sortie entre amis au cinéma. On est allé voir un film que tout le monde va voir apparemment, vu la file d'attente, les Petits Mouchoirs, de Guillaume Canet. Après avoir mangé chez Noura, le Libanais en face de l'UGC d'Opéra, on a justement intégré la file d'attente, alors qu'on avait déjà acheté nos billets... donc au final l'intérêt de les acheter avant ne saute pas aux yeux. Enfin bon.
On retrouve donc M. dans le file, vu qu'elle avait fini de manger avant nous. On discute un peu, et puis tout d'un coup, alors que la queue se met enfin en branle, un type commence à râler derrière nous. Il nous reproche d'être cinq alors qu'on était un avant. Il nous dit que lui a un bus de 40 Maori et qu'il peut les appeler, si on veut. A noter que ce grand courageux a attendu qu'on commence à avancer pour nous emmerder. Je lui dit de les appeler, ses Maori, ils seront très certainement plus sympas que lui. Et puis, ils seraient derrière nous, eux aussi...
C'est typiquement le genre de tête à claque que j'ai envie d'honorer : mesquin, tatillon, bien conscient qu'il a la société derrière lui... et pleutre. Le genre de connard à envoyer chier les pauvres étudiants qui l'appellent pour lui vendre des abonnements de téléphone, comme s'il avait le patron d'Orange au bout de fil. Peu de chance qu'il soutienne la grève pour les retraites, c'est sûrement un jugement hâtif, mais peu de chance que je me trompe.
Après l'avoir envoyé chier dans les règles de l'art, je file au bout de la queue - qui s'était énormément allongée entre temps, évidemment, vu que quand on est arrivé il y avait, quoi, dix personnes derrière nous - pour démontrer à monsieur Maori la connerie abyssale de son raisonnement. Ben ouais, c'est pas comme si on faisait la queue pour avoir des billets, et encore moins pour obtenir un coupon pour avoir 125 grammes de viande en 1942 : les billets, on les a déjà, et de toutes façons notre amie M., qui ELLE avait le "droit" d'être devant ce bon samaritain, nous aurait gardé nos places ! Donc on aurait été assis au même endroit ! Et effectivement c'est ce qui se passe : je rentre parmi les derniers dans la salle, ou une place m'attends près de mes amis. Je m'y assois, non sans avoir fait un petit coucou à mon ami crâne d'oeuf, assis un peu plus haut. Ah ça, les moments où il vaudrait mieux fermer sa gueule, c'est sacré hein ! C'est toujours utile quand une connerie veut se faire la belle.
Place au film. J'y suis allé avec un a priori mitigé : les films français dans ce genre, c'est quelques bonnes répliques, et beaucoup de scènes à table. En fait c'est plutôt un bon film, avec d'excellentes répliques, des fous rires, d'excellents acteurs (Cluzet, Bonneton, Cotillard...)... et beaucoup de scènes à table, mais on ne se refait pas. La fin est juste un peu... surchargée, suspecte lacrimalement. Mais j'ai passé un excellent moment.
Il aborde surtout le thème de l'amitié, et des petits mensonges ordinaires de la vie en société. Moi ça ne me choque pas, parce que c'est naturel. Enfin c'est naturel, non justement, ça ne l'est pas, mais c'est ce qui nous différencie des animaux : on a la capacité de réfléchir, et de ne pas toujours dire ce qu'on pense. Parce que figurez-vous que si tout le monde se disait ce qu'il pensait... et ben en fait c'est déjà arrivé, ça s'appelait la préhistoire, c'était très sympa comme période, vu que si on n'aimait pas un truc chez son voisin, suffisait de lui foutre un grand cou de masse dans la tête. Du coup l'espérance de vie ne dépassait pas les 30 ans, donc pas de problème de retraite.
L'amitié, comme l'amour, ce n'est pas trouver des gens exactement pareil que nous, parce que dans ce cas on peut toujours chercher, ça n'existe pas. Les groupes d'amis tous pareils, ça n'existe pas. Dans mon groupe à moi, auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux, on est deux ou trois à aimer, ou tolérer, le foot, alors que moi c'est une grande partie de ma vie. Je pourrais me faire des amis qui aiment autant le foot que moi, mais ça ne me vient pas à l'idée, parce que ce serait chiant. En plus ils ont 10 ans de moins que moi... Donc si on veut se faire des amis, faut savoir faire avec leurs défauts, leurs différences comme avec leurs qualités, pas le choix, c'est même enrichissant. Dans ce cas, faut savoir mettre des petits mouchoirs dessus, comme dirait l'autre. L'avantage c'est qu'on peut toujours les enlever si y a besoin, ça fait toujours du bien. Mais les gens qui ne ressentent pas le besoin d'agresser les gens sur tout et rien ne sont pas des monstres non plus. On ne peut pas nous apprendre durant toute notre enfance à être gentils, sociables, ne pas nous engueuler avec nos copains pour au final nous demander l'inverse une fois grands.
En plein désert intellectuel entre deux épisodes de la 5e saison de Dexter (une semaine, une torture, surtout que ça y est, cette nouvelle saison commence à bien prendre, miam), je reviens vers vous, pour vous parler de ma maison.
Non non, pas la caverne où j'habite depuis plus de sept ans, à Maisons Laffitte. Ça c'est pas ma maison, c'est mon logis, ça n'a rien à voir. Ma maison, c'est celle que mes parents ont fait construire en 1981 pour nous héberger, eux mes deux frères d'alors et moi, âgés de six (moi), trois et un an. Ils avaient 28-29 ans - des gamins, quoi - et Issou, le village des Yvelines où ils allaient passer la moitié de leur vie, était tout petit. La rue où la maison allait être construite, notamment, n'en possédait qu'une ou deux, de maisons. Autour, des champs, ou quasiment. Pas d'immense salle des fêtes ignoble et inutile juste en face.
J'y ai donc habité pendant 22 ans, ou presque. Je me rappelle avoir joué, étant tout gamin, dans les fondations de la maison que nos futurs voisins étaient en train de construire, avec Séverine, mon amoureuse de primaire. J'ai fais du vélo (si si) dans cette rue, j'y ai joué avec mon copain Cyril. J'ai fêté deux réveillons avec mes potes dans cette maison, des mémorables. J'ai passé de longues heures dans ma chambre, comme un ermite, parfois avec mon chien du moment, y cultivant une asociabilité maladive que je combats, parfois. Pas toujours, car elle m'offre aussi un confort dans lequel je me réfugie, parfois. C'est si bon les vieilles pantoufles.
Cette chambre, que j'ai "léguée" à mon plus jeune frère, à mon départ, sera bientôt celle d'un autre. Cette maison sera vendue en décembre, permettant à mes parents d'aller savourer leur retraite bien méritée dans la riante campagne morbihannaise. Pour moi, cette maison était LA maison, celle de la famille, vu qu'on la fait construire. Mais ça ne se fait plus, les maisons familiales, il faut s'y faire.
Ce week-end, je suis allé pour une des dernières fois de ma vie déjeuner dans cette cuisine américaine, à cette table près de laquelle j'ai tant de fois dévalisé le frigo, fais mes devoirs, fêté Noël, tout ça. Ça va devenir la cuisine d'autres personnes, qui vont se l'approprier, l'aménager, la modifier pour que cette maison devienne la leur, la débarrassant en partie de son histoire, de ses fantômes.
Ça me rend évidemment très triste, mais finalement c'est mieux que cette maison continue de vivre, résonne d'autres rires, vive d'autres moments, d'autres enfants, d'autres chiens, d'autres fêtes. Au fond, la maison, elle s'en cogne de l'histoire que ses résidents vivent, du moment qu'elle en ait, des résidents. En fait, c'est comme si elle avait fini de grandir, qu'elle quittait le cocon familial et qu'elle entrait dans l'âge adulte, en allant au devant d'autres personnes. Dans ce sens là, c'est plutôt une bonne nouvelle !
- Mon petit-dej, le matin. Un bol entier de céréales arrosées de lait. Je fini d'abord le lait, puis les céréales.
- Rester immobile sous le jet de la douche, à ne penser à rien, juste savourer l'eau sur mon cou. Surtout quand ça caille !
- Réussir mon catogan le matin, et ne pas avoir à y toucher de la journée. Quand ça m'arrive, une fois sur quatre je dirais, c'est le pied. Ne pas le réussir, c'est quand il a tendance à choisir un côté, ou à me tirer la peau.
- Me coucher contre mon Amour, en cuiller, le soir, et m'endormir avec la télé.
- Plier mon journal parfaitement. Je pense que ça doit être une maladie, mais tant qu'il n'est pas bien plié, je ne le lis pas. Quand j'étais ado, je me moquais de mon père, qui faisais pareil...
- Quand je suis enrhumé, sentir qu'une de mes narines se débouche.
- La sensation qui s'empare de moi, quand je marche longtemps, que je pourrais marcher indéfiniment. La fatigue, à chaud, ne se fait pas sentir, et je me sens vivant. Attention, ça c'est quand je marche en rythme ; quand je visite une ville, lentement, je fatigue très vite.
- Jouer au foot : plaisir devenu excessivement rare.
- Aller aux toilettes quand j'ai très envie, c'est un bonheur unique.
- Faire rire les gens sur une vanne bien sentie, je ne m'en lasse pas. Ça veut pas dire que je vis mal quand je fais un flop...
- Gagner au blind test, au tarot ou au Trivial Pursuit.
- Je me demande si je l'ai pas déjà fais ce post...
Comme promis, je vais donc évoquer la série Dexter, qui se partage, avec notamment l'Entraîneur 5, la tâche de remplir mes moments libres depuis, quoi, deux à trois semaines.
Je me suis enfilé bientôt quatre saisons à une vitesse folle. Les raisons ? D'abord, c'est une série qui, contrairement aux autres, possède des saisons courtes : 12, au lieu de 24 pour les autres. Et ce même si les épisodes sont étonnamment longs (souvent plus de 50 minutes), un format assez rare. La faute notamment à un générique interminable (1m30 !) et un "previously" (le résumé des épisodes précédents) assez long, lui aussi. Mais les scenarii sont tellement riches...
Mais y a aussi sa qualité. Comme pour 24, j'ai été littéralement happé par cette série écrite de façon géniale, dotée de rebondissements étourdissants, et servie par des acteurs et des personnages formidables. Sans parler de l'histoire en elle-même, qui sort vraiment de l'ordinaire comme rarement une série ne l'avait fait : Dexter, un tueur en série, accessoirement spécialiste du sang pour la police de Miami, tue, découpe et envoie dans la mer des meurtriers qui ont, en général, échappé à la police. Il obéit ainsi à un code édicté par son père adoptif, un ancien flic, qui le lui a donné pour qu'il puisse contrôler ses pulsions et ne pas se faire prendre. Sauf que Dexter doit faire avec sa soeur, elle aussi policière, ses autres collègues, sa copine puis épouse et ses enfants. Résultat, un nid de situations explosives dont on se régale. Et puis, qui n'a jamais rêvé d'avoir une vie secrète, qui échappe au regard de tous...
Évidemment, même s'il s'agit d'un monstre, le fait qu'il ne tue que des "méchants", et qu'il fait tout pour essayer de s'intégrer malgré de problèmes émotionnels - il n'a pas d'émotions, en fait - rendent Dexter attachant, même dans les scènes où il trucide ses proies. Il s'intègre, tout en continuant de tuer, et évidemment c'est de la haute voltige. Ce qui est intéressant c'est que, notamment à partir de la saison 2, ça chauffe pour lui, puisqu'à chaque fois il est tout près d'être découvert. Il est excellemment joué par Michael C. Hall, qui réussit l'exploit de jouer quelqu'un qui ne possède pas l'arsenal émotionnel habituel pour un humain, tout en faisant semblant de les avoir. Bluffant.
Là, je suis à un épisode de la conclusion de la saison 4 - la saison 5 vient de commencer, miam - et y a un suspense aussi énorme qu'un argument de Frédéric Lefèvre. Dans cette saison, il fait face à un tueur en série encore plus dingue que lui, interprété par John Lithgow, et là encore y a un flagrant délit de génie. Je vous conseille la dernière scène du 411, je crois que j'ai eu un orgasme intérieur tellement c'était bon. D'après les malencontreux échos que j'ai eu, cette saison ne devrait pas trop bien finir, donc j'ai un peu peur de ce dernier épisode. Je vous l'ai dit, je suis accro. Tant mieux, parce que j'avais un peu peur du vide après la fin de 24. En fait, j'ai trouvé encore mieux, et de loin. Vivement ce soir :D
Dans le cadre de mon "régime" - je n'aime pas ce mot, d'abord parce que c'est un marronnier médiatico-économique, comme "franc-maçons" ou "immobilier", ensuite parce que c'en est pas vraiment un, vu que je compte manger éternellement comme ça, mais j'en ai pas d'autre sous la main - qui bat un peu de l'aile depuis deux semaines malgré tous mes efforts, je marche beaucoup. J'essayais déjà de marcher de temps en temps, mais très ponctuellement, pas du tout régulièrement et rarement intensément. La vérité si je mens.
Depuis mon hôpital de jour, y a pile un mois, je marche deux fois par semaine, à chaque fois environ une heure, et si possible assez intensivement. C'est-à-dire en limitant les pauses, et en marchant vite. Cette dernière auto-consigne n'étant pas difficile à réaliser, si on considère que ma démarche, d'ordinaire, fait plus penser à celle d'un pachyderme qui aurais déconné à l'Hippopotamus qu'à autre chose.
Je pourrais le faire dans le parc de Maisons Laffitte, qui est idéal pour ça - arbres/petits oiseaux/grandes avenues/pas loin - , mais je le fais plutôt dans Paris. Pourquoi ? Aucune idée, c'est justement la question que je me posais, il va falloir y remédier. Toujours est-il que c'est le cas, et qu'il y a pire comme décor pour marcher.
Paris est génial, parce qu'il est à l'image de la France : il est terriblement multiple. Y a pas un endroit qui ressemble à un autre. Trouvez-moi un point commun entre les Grands Boulevards et Belleville, entre Montparnasse et les Halles, entre les Champs-Elysées et la Butte aux Cailles... c'est pas gagné. Pourtant, quand vous marchez et traversez à votre rythme des quartiers aussi différents, vous voyez un lien et en même temps, les différences vous sautent aux yeux. C'est assez tripant. Par exemple, les Grands Boulevards s'arrêtent quasi physiquement après la Porte Saint-Martin, pour laisser place au quartier de la République.
Et marcher dans une grande ville, plutôt que la rendre immense, ça la rend plus petite. Je m'explique : quand vous prenez le métro pour aller d'un quartier à un autre, c'est comme si on reliait deux endroits qui n'ont aucun lien, deux lieux différents. Alors que quand vous marchez de l'Opéra au Père Lachaise, ou de la Gare d'Austerlitz à la rue de la Convention, vous visualisez très bien le chemin entre les deux, vous les reliez, et finalement vous vous dites que si c'est faisable à pied, c'est que ce n'est pas si éloigné que ça. Du coup, Paris, qu'on passe notre existence à relier en métro ou bus, paraît plus petit. Capiche ? On se rend compte alors qu'au Moyen-Âge, quand Paris n'existait que du Louvres à la Bastille, c'était quand même assez commun de le parcourir à pied quand on n'avait pas les moyens de se payer une calèche.
Là, je reviens d'une petite marche pendant ma pause. Je suis donc parti de mon taf, près du Père Lachaise, en haut de l'avenue de la République, que j'ai descendu en partie pour rejoindre, par des petites rues, le Boulevard Voltaire, d'où j'ai longuement emprunté la rue Popincourt, où je vous mets au défi de trouver une boutique non tenue par un(e) Asiatique. Ensuite je suis remonté, notamment par la rue de Charonne et divers détours, puis je suis passé devant le cours Simon, que je ne soupçonnais pas être aussi proche, la rue de la Folie Régnault et voilà que me vlà. Un peu moins d'une heure de marche au pas presque de course. Je suis cassé, en sueur, bref content de moi :D
Encore une fois, je suis désolé de vous négliger. La vache, je ne pensais pas que ça faisait si longtemps... Pourtant, je vous avoue que je pense tout le temps à ce blog, d'ailleurs je crois que je l'ai déjà dis. J'ai une idée de post à peu près toutes les trois secondes, en exagérant à peine. Et du coup là, maintenant que j'ai enfin pris le temps - de ma pause, en fait - de taper un post, tout cela se bouscule dans ma tête, ça fait entonnoir.
Je voulais vous parler de la série Dexter, mais ce sera pour une autre fois, assez rapidement à mon avis, vu comment j'y suis accro en ce moment. Non, à la place je vais d'abord vous dire que les deux examens que je devais passer suite à mes tests lors de mon hôpital de jour, il y a un mois, se sont révélés négatifs. Pas de problème au coeur, pas d'apnée du sommeil. Du coup, et aussi étrange que cela puisse paraître - vu les réactions de mes proches après ma réaction, que je vais décrire dans quelques instants - j'ai été un peu énervé d'avoir du passer tous ces tests, peu remboursés par ma mutuelle en l'occurence (23 euros sur les 76,8 dépensés pour dix minutes de vélo d'appartement, par exemple), passer du temps à attendre dans des salles d'attentes, perdre une nuit à cause de câbles, de trucs sur le nez ou au bout du doigt, tout ça quoi. Et tout ça pour rien, surtout. Alors c'est sûr, je ne vais pas faire comme dans le sketch de Coluche ou le mec voudrait avoir un cancer du bras droit, pour le prix qu'il paie, mais perdre du temps, de l'argent et une nuit de sommeil juste pour apprendre que c'est pareil qu'avant, c'est toujours un peu énervant. Vous me direz, quand on reçoit des résultats, c'est soit ça, soit négatif, jamais positif, genre "vous avez une couille supplémentaire" ou "vous avez un QI de 572". Quoique, regardez à la Pitié on m'a bien dit que j'étais très musclé, ce qui était complètement inattendu. Mais ça reste assez nettement rare quand même.
Bref donc j'ai dis ça sur Facebook, et évidemment je me suis fait engueuler, "oui tu vas pas te plaindre de rien avoir, t'aurais préféré qu'on t'annonce une saloperie", etc, réactions tout à fait compréhensibles au demeurant. On m'a aussi traité de râleur, et vous savez quoi, et ben ça m'a sauvé ma journée. Oui il fait moche, je passe mon temps à me concentrer pour ne pas perdre des papiers d'hôpital et de médecin, ce qui pour moi reste d'un niveau olympique, mais je suis officiellement un râleur, et ça c'est cool. Non mais sans dec !
D'abord, c'est pas un scoop, hein. Depuis ma naissance, on me dit que je parle trop fort - enfin au début je me contentais de crier, je n'étais pas SI avancé que ça - que je suis jamais content, etc. Si hier on m'avait dit que j'étais quelqu'un de mesuré, là ça m'aurait surpris, mais râleur j'ai l'habitude. Mais depuis toujours, ça ne me défrise jamais quand on me le dit. Et inutile de dire que l'âge avançant, ça me défrise de moins en moins, pour des raisons capillaires essentiellement.
Y a d'ailleurs deux défauts auxquels on m'accole régulièrement, c'est la fainéantise et le fait de râler. Deux défauts que j'assume plutôt bien, finalement. Je ne vois pas en quoi j'aurais honte d'affirmer que je préfère ne rien faire que de travailler, et le fait qu'un connard comme Sarkozy le porte en étendard depuis quatre ans aurait plutôt tendance à me conforter dans cette idée. Ce n'est pas pour ça que je ne travaille pas beaucoup, d'ailleurs, j'ai parfois plutôt l'impression contraire en l'occurence. Mais c'est pas pour ça que je suis obligé d'aimer ça pour autant. Mes parents ont toujours beaucoup travaillé pour élever quatre gosses, mon père depuis l'âge de 17 ans à l'usine, ce qui me fait respecter la notion de travail. Mais l'aimer, non, même quand c'est un travail tout sauf pénible physiquement. J'ai juste un peu mal au cul à force d'être assis. Je suis sûr que mon père aurait aimé moins travailler, je ne dois pas trop me tromper...
Pour le râlage, c'est différent parce que y a quand même beaucoup de monde, quand même, y compris chez les plus cinglés du surmenage, qui aiment se reposer, ne rien faire. Alors que les râleurs, ça embête tout le monde, et surtout ça n'a rien de reposant ni d'apaisant, de râler. C'est pourtant un des rares défauts, à mon avis, qui me font le plus ressembler à un Français de souche.
J'allais dire que je ne suis pas fier d'être un râleur mais... en fait si, un peu, je suis obligé de le reconnaître. Râler, selon moi en tous cas, c'est une garantie de ne pas avaler tout et n'importe quoi sans broncher. C'est une marque de caractère, le contraire de la fadeur, de la transparence. Oui c'est un excès, mais quitte à avoir un excès, autant avoir celui-là. Je ne fais pas exprès de râler, de n'être jamais content, parce que c'est vrai, je ne suis jamais content. Et de quoi devrais-je être content, d'abord ? Du monde dans lequel on vit ? De l'égoïsme latent, voire obligatoire, dans lequel la Société tente continuellement de nous enfoncer la tête ? Des dégâts gigantesque de l'argent sur l'homme et sa relation avec les autres ? Du racisme plus seulement ordinaire, mais carrément gouvernemental, légal ? De quoi devrais-je me réjouir quand on croit me trouver des problèmes à la Pitié, avant de m'offrir un mois de stress à 100 euros pour rien ? Oui, je ne vois que le négatif, mais je ne vais pas faire des bonds de joie parce que j'en suis rendu au même point qu'il y a un mois. Et si finalement on me trouve un truc par ailleurs, ben je continuerais de râler, parce que va falloir vous y faire les enfants, ce n'est pas près de changer, bonnes raisons ou pas.
A y est, on est installés, et on attend. Tous debout, évidemment, face à la porte, les mains le plus souvent jointes devant soi. On est quoi, une petite quinzaine de personnes, à vue de nez, avec pour chacun d'entre nous moins d'un mètre carré pour exister. Mais ce n'est pas embêtant, parce qu'on n'a vraiment pas envie de bouger. Si on bouge, on risque de toucher son voisin, le frôler, et de devoir lui glisser un discret "pardon" avec un sourire froid et un regard furtif. Ou inversement.
Pour atteindre l'ascenseur, on est tous sorti de la ligne 13, et on s'est engouffré dans le couloir indiquant le RER A. Les habitués sont les premiers, ils savent que dans cette direction - Levallois - il faut sortir du milieu du deuxième wagon pour se retrouver face au couloir. Les autres doivent se taper une partie du quai avant de l'atteindre, et arrivent parfois trop tard, l'ascenseur se trouvant alors soit trop rempli - mais ça ne fait pas peur à tout le monde, certains tiennent tellement aux 30 secondes fatidiques séparant les deux ascenseurs qu'ils sont capables de rentrer dans le tas pour se faire une petite place - soit déjà parti. Moi ça fait plus de deux ans et demi que je le prends entre deux et quatre fois par semaine, c'est la routine quoi.
Dans ce couloir sentant furieusement la pisse, été comme hiver, c'est la course. Beaucoup de femmes, indisposées par l'odeur, se couvrent le nez avec leurs foulards. Parfois, il faut éviter les sans-abris allongés sur le sol, sur des journaux, un réchaud à leur côté. Comme dans l'ascenseur quelques secondes plus tard, les regards se font fuyants. Ceux qui sont pressés courent, sachant qu'à partir du moment où l'ascenseur a détecté qu'un pied a foulé son sol poisseux, il déclenche le chrono. Vingt-sept secondes, c'est ce qui reste aux autres pour le rejoindre, avant que la sonnerie ne se fasse entendre pour annoncer que les portes se referment dans trois secondes. S'il détecte qu'il est plein, ou que ça fait un moment que personne d'autre n'est rentré, il se referme avant. La course jusqu'à lui est plus ou moins longue, suivant que c'est un des premiers ou des derniers ascenseurs qui part bientôt. Mais plus il est loin, moins la distance sera longue pour atteindre les tourniquets du RER, une dizaine de mètres plus bas.
On s'entasse dans l'ascenseur. Enfin pas trop, on n'est pas très serré non plus. Quand on est le premier à entrer, la technique c'est de ne pas se mettre au fond - du coup, vous êtes le dernier à sortir, c'est embêtant - mais sur un côté, près de la porte. Comme ça vous ne gênez pas l'entrée, et vous serez un des premiers à sortir. C'est une des règles non écrite des ascenseurs de métro, j'ai remarqué qu'énormément de gens le font.
Une fois installé, donc, on attend que ça se referme, puis qu'on descende. Je voudrais dire qu'il y a du tout, mais à cette heure ci - 19h20 - la population du cube n'est pas très diversifiée : à peu près tout le monde rentre chez lui après avoir travaillé - ou cherché du boulot. En deux ans et demi je n'ai repéré que très peu de visages récurrents, ça doit changer souvent. Il y a peu de vieux, peu de jeunes - de moins de 30 ans, veux-je dire. Des hommes, des femmes, des costards, des tailleurs, pas mal d'ipods et de casques, pas trop de couleurs de peau non autorisées dans le Sarkozistan. Ça sent l'aftershave avarié, la cocotte et la sacoche en cuir. C'est la France qui n'est pas visée par Sarkozy : blanche, avec trois générations françaises derrière elle, catholique et dotée d'un pouvoir d'achat pas encore trop plombé. La middle class, un truc comme ça.
La descente dure cinq secondes, mais elles en paraissent trente. Tout le monde dans la même direction, à regarder la porte, le plafond ou ses godasses. Pas un regard se croise, les sourires sont rarissimes, à quoi serviraient-ils en même temps ? Ça serait un peu ridicule d'avoir une banane d'un kilomètre si personne te regarde. On dit tout le temps que personne ne sourit dans le métro parisien, c'est vrai, mais j'ai déjà vu le métro marseillais et les tramways nantais et bordelais, et des gens pêtés de rire, j'en n'ai pas vu beaucoup. C'est vrai que des fois, je me rends compte que mon visage n'exprime pas spécialement la joie, mais faudrait déjà que ce soit une posture naturelle, et quand t'es plongé dans tes pensées ou dans un bouquin, c'est pas évident de se concentrer sur le mode "sourire". Alors j'essaie d'arranger ça, mais pas sûr que ça dure longtemps.
Dans ce cube, on partage le même espace, tout en restant retranché dans le sien. Moi perso j'aime bien regarder les gens, de toutes façons je ne risque rien, ils ne me regardent pas. Et puis je risque quoi ? Soit il me le rend - ce serait bizarre car rare - soit il m'ignore et retourne dans sa lecture de l'Expansion. J'essaie souvent d'imaginer ce qui se passerait si on se retrouvait coincé plusieurs heures à l'intérieur. On serait alors obligé de se regarder, de se parler. Une certaine solidarité, espérons-le, s'installerait, et on se serrerait un peu les coudes. Si la situation ne s'arrangeait pas, la vraie personnalité de chacun s'exprimerait. Il y aurait des leaders, des râleurs, des faibles, des forts, des philosophes. Pas seulement une poignée de ce que la Société peut créer de plus ordinaire, de plus sage et de plus propre parmi ses locataires au long cours, sans histoire, sans un mot plus haut que l'autre. Ce seraient des êtres humains, qui auraient du mal à faire s'exprimer leurs qualités plutôt que leurs défauts. Mais les deux s'exprimeraient, ça c'est sûr.
Rien de tout ça durant les cinq secondes de descente. Pas un vêtement n'aura été froissé durant le voyage, qui n'aura formé aucune jeunesse. Les portes s'ouvrent, et on s'éparpille, comme si on n'avait pas eu ce point commun d'avoir confié nos vies en même temps à la même machine de la RATP. Le lendemain on le refera peut-être, mais on ne se reconnaîtra sans doute pas, ni le surlendemain ni jamais. Mais c'est pas pour ça qu'on le vit mal, c'est aussi ça, le confort urbain.